8 juillet 2009

migration de ce blog

Pour des raisons à la fois de temps disponible et d'orientation politique ce blog migre sur www.florianchiron.eu
On se retrouve là-bas !

7 mars 2009

Energie nucléaire : les allemands toujours contre

Affiche du Ministère de l'environnement en 2004 : "Eteindre et penser autrement"


Alors qu'une vague pro-nucléaire sans précédent tente de s'abattre en Europe, telle une réplique du nuage de Tchernobyl, avec notamment N. Sarkozy comme VRP de luxe de la société Areva, le débat en Allemagne est vif sur la politique énergétique à mener. Selon le secrétaire général de la CDU, Ronald Pofalla, le retour à l’énergie atomique de la Suède constitue "un signal clair que l’énergie nucléaire comme composante d’un large éventail d’énergies est encore nécessaire".
Cependant dans un sondage GfK pour Die welt, les Allemands ont exprimé, une fois de plus, leurs réserves à l’égard du nucléaire. 53% des personnes interrogées (1025 au total) plaident pour un retrait du nucléaire contre 30% pour un rallongement de la durée d’utilisation des centrales allemandes.
A l'heure actuelle, nous en sommes ici toujours à "l'Atomausstieg" décidé en 2000 par le gouvernement constitué des socio-démocrates et des Grünen. Les 19 centrales nucléaires allemandes devront s'arrêter avant 2020.

Ce thème risque d'être un des points forts de la campagne -les élections ont lieu en septembre 2009-, tout portant à croire que la CDU et le FDP, dans leur boulimie énergétique et leur monomanie du "toujours plus" feront machine arrière et relanceront le programme nucléaire. Une hérésie quand on sait que l'essor des énergies renouvelables en Allemagne est notamment dû à cette sortie du nucléaire. Comme souvent, ces deux partis sont restés au XXe siècle et font preuve d'un manque d'imagination rédhibitoire.

Chez les Grünen, le message reste fort : ni atome ni charbon. Cela passe par des réductions de la consommation énergétique de 50%, qui sont loin d'être inateignables. A mon avis, (minoritaire chez les Verts) on n'échappera pas à la prolongation de la durée d'exploitation de certaines centrales. Le charbon doit être abandonné le plus rapidement possible et le nucléaire peut dans cette stratégie jouer un rôle tampon.

Le SPD, lui, a un message ambivalent : faire campagne contre le charbon et le nucléaire pour prendre des voix aux Verts, et faire de la pseudo-realpolitik sans ligne concrète au pouvoir. Reconnaissons-leur d'avoir défendu leur politique de sortie du nucléaire dans leur maintien au pouvoir avec la CDU en 2005.

La bataille de l'opinion publique sur cette question éminemment intime pour chaque allemand ne fait que commencer.

7 février 2009

Tango dangereux entre pouvoir politique et religion en Allemagne

Quand tout allait bien entre A. Merkel et Benoît XVI...

La récente mise en demeure du Vatican par Angela Merkel suite à la réintroduction de l'évêque négationniste Williamson dans l'Eglise catholique montre en quoi l'Allemagne n'a pas tranché dans le débat sur la place de la religion dans la société, ou plutôt a tranché à l'envers.

L'Eglise conserve une place prépondérante dans la vie politique allemande, et l'ingérence de Mme Merkel ainsi que le tollé soulevé en Allemagne par cette affaire montrent la perversité de la situation.

Il est logique que la population et le gouvernement allemands soient choqués : mais leur choc est-il plus dû aux propos scandaleux de Willamson ou au fait que « leur » Eglise est concernée, eux qui proclamaient par l'intermédiaire du quotidien populaire Bild « nous sommes le Pape » lors de l'intronisation de Benoît XVI.

Mais pourquoi ne pas simplement condamner l'évêque en question et laisser l'Eglise catholique vivre sa vie ? Si l'Eglise réintègre des négationnistes, est-ce le problème des politiques ? Un Etat indépendant des religions n'a pas à se soucier de cela. En revanche, et c'est là où la bât blesse, politique et religion en Allemagne sont si imbriquées que l'Etat allemand se paye même le luxe de percevoir auprès des citoyens le denier du culte, que les religions possèdent une grande partie des hôpitaux, des maisons de retraite ou des jardins d'enfants, qu'enfin le parti principal du pays a le mot « chrétien » dans son appellation.

Avant de s'occuper des affaires de l'Eglise, et plutôt que d'essayer de façonner une Eglise telle que les allemands aimeraient qu'elle soit, ils pourraient adopter une réponse laïque, à base d'un slogan : « nous respectons les religions qui sont respectables ». Le négationnisme n'étant pas respectable, abject même, l'Eglise catholique aurait perdu ses galons.

Soutenir l'Eglise a un coût, et l'Etat allemand est en train de le payer. Le Vatican a lui, vu le problème (et notamment les citoyens allemands menaçant de quitter l'Eglise et de ne plus acquitter l'impôt), et a condamné les propos de Williamson.

Cette victoire à la Pyrrhus de Merkel confirme l'Eglise catholique dans son poids politique en Allemagne. Encore une occasion de ratée de rendre la société allemande plus laïque.

Vatican 1 – Allemagne 0

19 janvier 2009

Le déroute du SPD en Hesse lance l'année électorale en Allemagne

Le SPD a perdu un tiers de ces électeurs en un an

La Hesse a voté à nouveau.
Le résultat est conforme aux sondages, voire même il amplifie l'effondrement des deux grands partis, CDU et SPD, qui n'ont plus de "populaire" que le nom.

CDU : 37,2% (+0,4% par rapport à 2008)
SPD : 23,7% (-13%)
FDP : 16,2% (+6,8%)
Grüne : 13,7% (+6,2%)
Linke : 5,4% (+0,3%)
Divers : 3,8% (-0,7%)

Il y a plusieurs leçons à retenir du vote :
La première, c'est que l'échec du SPD lors de la composition d'un gouvernement avec les Verts en octobre a été lourdement sanctionné par les électeurs. Ceux-ci ont reproché à sa responsable, Andrea Ypsilanti, d'avoir finalement voulu faire une coalition avec le Parti de Gauche, après avoir juré que non pendant la campagne électorale, et de n'avoir pas su éviter l'échec de cette coalition.
La deuxième lecon, c'est que vraiment, les électeurs ne veulent pas de Roland Koch. Après avoir perdu 13% des voix par rapport à 2003 l'an dernier, la CDU continue de perdre, en passant sous le million d'électeurs.
La troisième leçon, conjuguée au deux premières, est que la grande coalition à Berlin déplait, et les partis d'opposition du centre en profitent, et non, comme on aurait pu s'y attendre, la Linke.

La progression des libéraux et des verts est énorme et reflète plus une déception des électeurs pour les deux "gros" partis qu'un soutien franc et massif aux "petits".
Il n'empêche que la joie est de leur côté.

La sociale-démocratie entre du mauvais côté dans cette année chargée d'élections : européennes en juin, régionales en Sarre, en Thuringe et en Saxe en août, dans le Brandebourg en septembre, et bien sûr élections fédérales le 27 septembre. Une année lourde, qui verra, notamment lors des scrutins régionaux, le SPD menacé plus par Die Linke (qui y pèse plus de 20%) que par les Verts.
Les Verts et le FDP feront profil bas pendant les échéances régionales, en essayant de surfer sur la vague hessoise et celle des européennes pour sauver leurs groupes parlementaires ou en obtenir un.

En attendant, en tant que Vert, je ne boude pas mon plaisir. Le choix stratégique de refuser de se positionner pour une alliance plutôt qu'une autre mais pour des contenus programmatiques a payé. Celui de proposer Tarek Al-Wazir (dont on reparlera à coup sûr, et pas qu'en Hesse) comme candidat au poste de Premier ministre était bon. 13,7%, 17 parlementaires contre 9 l'an dernier, cela permet un travail d'opposition de qualité.

En attendant, le Premier Ministre de Hesse restera malheureusement Roland Koch, adossé des libéraux du FDP. De plus, le Bundesrat ne peut plus fonctionner sans accord du FDP, qui y dispose d'une minorité de blocage. De fait, la grande coalition s'est élargie hier au FDP.
Probablement sans grande influence sur les élections de septembre.

10 janvier 2009

Elections européennes en Allemagne : comment influencer les partis allemands avec nos revendications démocrates

Les 23 et 24 janvier aura lieu le Congrès de Bündnis 90 / die Grünen, le parti écologiste allemand, dont je suis membre.

L’occasion de valider leur programme européen.

Au MoDem Allemagne, nous sommes convaincus qu’en influençant les partis politiques allemands, nous pouvons obtenir des avancées pour les Français d’Allemagne.

J’ai donc écrit un amendement au programme européen, qui reprend l’idée phare de notre programme pour l’Assemblée des Français de l’Etranger de fin 2007 : permettre aux Français de faire leurs demandes et leurs retraits de papiers d’identité à l’administration de leur domicile, plutôt qu’au Consulat le plus proche (proche étant un euphémisme…). Actuellement, il faut se déplacer deux fois pour obtenir les précieux papiers. La fermeture un à un des consulats détériore la situation des Français de l’Etranger. On en arrive à la situation ubuesque ou nombreux sont les Français qui, face à ses difficultés, prennent la double-nationalité allemande et renoncent à obtenir des papiers d’identité français, se contentant des allemands. Il est pourtant simple que l’administration du domicile se charge de collecter papiers et signatures du citoyen, les envoient au Consulat, puis réceptionne de celui-ci le papier d’identité et le remette à son administré.

Techniquement, pour que l’amendement soit étudié au Congrès, il avait besoin de 20 signatures, qui ont été obtenues, dont celle de Jean-Baptiste Joret, adhérent MoDem et Grün de Stuttgart.

En voici le texte :

Abbau der standesamtlichen Hürden für die im EU-Ausland lebenden EU-Bürger und -Bürgerinnen

Wir wollen alle Unionsbürgerinnen und Unionsbürger vor standesamtlichen Diskriminierungen schützen, wenn sie nicht mehr in ihrem Heimatland leben. Derzeit sind EU-Bürger und -Bürgerinnen gezwungen, zu ihren immer weniger gewordenen Generalkonsulaten große Strecken zurückzulegen, um administrative Angelegenheiten zu klären (z.B. einen Antrag auf einen Ausweis oder einen Pass). Dies stellt ein klares Hindernis zur Freizügigkeit in der EU dar. Wir setzen uns dafür ein, dass die lokalen Verwaltungen (z.B. Landratsämter) in jedem Land sich zwischen den EU-Bürgern bzw. -Bürgerinnen und ihrer zuständigen Verwaltung einschalten, damit diese den Einheimischen gegenüber gleichberechtigt bleiben.“

Begründung :

Das Subsidiaritätsprinzip hat zur Konsequenz, dass immer mehr Generalkonsulate innerhalb der EU schließen. Daher sind die betroffenen Bürgerinnen und Bürger gezwungen, immer größere Strecke zu fahren, um einen Ausweis oder Pass zu beantragen, und um diesen abzuholen.

Machbar und geschickter wäre, dass der Antrag sowie die Abholung am Wohnort des Bürgers oder der Bürgerin stattfinden. Die lokale Verwaltung würde dann die Unterlagen zum zuständigen Generalkonsulat weiterleiten. Somit wird die Unionsbürgerschaft erlebbarer gemacht.

Réponse le 25 janvier pour savoir s’il sera adopté par le Congrès !

7 janvier 2009

Modèle industriel et dommages collatéraux de l´Agenda 2010

Dernière partie du document de Jean-Philippe Zecevic, Vice-Président du MoDem Allemagne

Si les faiblesses les plus importantes de l'économie allemande ont trouvé avec l'Agenda 2010 un début de solution, on a vu que ces solutions relèvent essentiellement du court terme et que la conjoncture extérieure a manifestement aidé à faire passer bien des pilules. Le timing des marchés et des mesures a donc été parfait puisqu'il a permis d´engager des réformes courageuses, voire brutales, qui ont pu être transformées immédiatement en résultats financiers, facilement mesurables et communicables.

Les succès immédiats de l'Agenda n´ont pas apporté de solutions durables aux faiblesses structurelles de l'économie allemande qui vit encore de ses acquis historiques en termes de produits, de compétences et d'expertises et enfin d'un modèle de Business qui concentre toute la gestion des intrants de production en amont et les activités de recherche et de développement sur l'Allemagne, laissant ainsi aux filiales en aval à l'étranger le soin de commercialiser les produits made in Germany. Ce modèle de Business conduit inexorablement à délocaliser tous les emplois qui ne relèvent pas directement de la recherche et du développement, du design et du contrôle qualité. On est loin de l'entreprise globale de type nord américaine ou encore française qui recherche, produit et vend globalement, mais qui tire une partie de plus en plus importante de ses revenus de la propriété intellectuelle sous formes de management, d'innovations, de patentes, de marques, de marketing et d´engineering financier organisés globalement.

Comme l'indiquent Lionel Fontagné et Guillaume Gaulier dans le rapport du Conseil d'Analyse Economique – Performance à l'exportation de la France et de l'Allemagne- « Pour faire image, les producteurs allemands ont choisi le modèle industriel de la Porsche Cayenne, les français celui de la Logan, la première étant conçue et assemblée en Allemagne à partir de pièces détachées fabriquées à l'Est, tandis que la seconde est produite exportée, pour l'essentiel, depuis la Roumanie.»

Le modèle industriel en place en Allemagne favorise la délocalisation continue de pans entiers de l'économie comme cela se produit actuellement en Bade-Wurtemberg. La solution du problème de l'employabilité de la population revient à généraliser les contrats dits « atypiques » puisqu'ils n'offrent que des revenus d'appoint nécessitant un complément d'aide publique pour prospérer socialement. Beau paradoxe que ce modèle industriel incapable de faire vivre ses anciens voire nouveaux travailleurs.

En exacerbant les conséquences de ce modèle industriel, l'Agenda 2010 est directement responsable de la fracture sociale et politique que connait l'Allemagne actuellement. Dans son dernier rapport publié en 2008 et intitulé « Croissance et inégalités », l'OCDE conclut que les inégalités sociales se sont aggravées en Allemagne, et pour les revenus salariaux des ménages et pour les revenus du travail indépendant. Ce constat de paupérisation parallèle frappant à la fois les classes modestes et les classes moyennes est confirmé à son tout par la DIW de Berlin dans son bulletin mensuel de mars 2008 sous le titre «disparition de la classe moyenne-signe d'une polarisation des revenus disponibles?»

Enfin, ce modèle industriel est difficilement compatible avec toute initiative anti-crise coordonnée au niveau des partenaires politiques européens, puisque sa logique est celle fondamentalement du cavalier seul et celle d'une globalisation comprise comme une classique division du travail entre clients et fournisseurs.

17 décembre 2008

Bilan du retournement engagé par l´Agenda 2010

3e partie du document réalisé par Jean Philippe Zecevic, Vice-Président du MoDem Allemagne.

1- Forte Croissance limitée aux exportations

Selon le rapport de la « commission des experts » auprès du gouvernement en date du 12 Novembre 2008, les taux de croissance du PIB, de l´emploi et de la rémunération des salariés restent inférieurs et entre 2000 et 2007 et entre 2004 et 2007 (mise en place des mesures de l´Agenda 2010) pour l´Allemagne aux moyennes observées dans l´Union Européenne des 15, aux USA et en Grande-Bretagne.

Avec 9,3 % en moyenne annuelle, le taux de croissance des exportations de l´Allemagne dans la même période surpasse entre 2004 et 2007 les taux observés dans les pays ci-dessus en y incluant cette fois le Japon.

L´Allemagne a su profiter pleinement de la conjoncture commerciale mondiale et renforcer ses parts de marchés avec son portefeuille historique de produits (Product Mix) dans les segments de la haute technologie et plus particulièrement du haut de gamme des produits et services. Dans son rapport émis en 2008 et portant sur la « Performance à l´exportation de la France et de l´Allemagne », le Conseil d´Administration Economique donne les chiffres révélateurs des variations de parts de marchés de l´Allemagne dans le commerce mondial entre 1995 entre 2005 :

Les parts de marchés dans les produits Haute technologie et de haute Gamme gagnent respectivement 0,18 et 0,29 points de pourcentage au détriment des produits de basse et de moyenne technologie faisant ainsi de l´Allemagne avec 8,2 % le numéro 4 mondial pour l´exportation de produits de haute technologie - dernière les USA, le Japon et la Chine- mais le numéro un mondial dans le domaine des produits de haut de Gamme (15,2 % du commerce mondial fin 2005).

Quant à la consommation des ménages, elle a quasiment stagné voire s´est même contractée en valeur réelle puisque sa croissance nominale reste inférieure à l´inflation en augmentant de 5,7 % sur 3 ans.

L´Allemagne a donc eu la chance de voir ses trois grands classiques que sont l´automobile,

la machine-outil et la chimie, qui ensemble représentent 50,5 % du total des exportations en 2007, être fortement demandés par des pays émergeants qui voient leur croissance s´envoler à partir de 2003 pour dépasser la barre des 7 % annuels entre 2004 et 2007. Les gouvernements Schröder et Merkel ont su saisir cette opportunité pour reconsidérer immédiatement la structure de coûts du pays quitte à accepter un gel absolu de la consommation des ménages et une surexposition de sa croissance au marché mondial.

2- Formation supérieure et scientifique

Comme l´indique la présentation officielle de l´Agenda 2010, la part des étudiants inscrits en première année universitaire fin 2003 représentait 35 % d´une classe d´âge contre en moyenne 47 % dans les 30 pays de l´OCDE. Fin 2007, les chiffres respectifs sont de 36 % pour l´Allemagne et de 56 % en moyenne de l´OCDE.

Si les pays de l´OCDE investissent en 2005 en moyenne 6,1 % de leur PIB dans l´enseignement, le chiffre n´est que de 5,1 % pour l´Allemagne. Selon le même rapport de l´OCDE, le nombre de diplômés de formation scientifique est de 1649 pour 100.000 actifs dans la classe d´âges des 25 à 34 ans contre 1423 en Allemagne.

L´Agenda 2010 n´a pas réduit ce déficit à long terme mais a préféré faire ici des économies de bouts de chandelle. Comme le dit le Centre Européen de recherches (ZEW) dans son étude sur la compétitivité technologique globale parue en Juin 2007 : « L´Allemagne ne peut gagner la compétition technologique avec les pays émergents qu´en se plaçant clairement du côté de l´innovation et non en essayant de faire des économies ».

A Ce problème de financement s’ajoute un problème institutionnel, à savoir qu’en Allemagne l’enseignement supérieur est tributaire de l’état de santé des 16 Länder, qui ont choisi pour la plupart d’entre eux de mener une politique de frais universitaires élevés, limitant ainsi un peu plus l’accès aux élites allemandes à l’Université.

3- Hausse des impôts des particuliers et des entreprises et équilibre des finances publiques

Si la dette publique en valeur absolue et en pourcentage du PIB s´est accrue fin 2007 par rapport à 2003 passant ainsi de 63,8 % à 65 %, il y a incontestablement progrès si l´on compare ce dernier chiffre avec celui de l´endettement de l´Etat fin 2006 qui s´établit lui à 67, 6 %. Tout est donc question de perspective !

L´Allemagne finit l´année 2007 avec un excédent budgétaire de 0,4 Milliard d´Euros.

Malgré les différentes réformes fiscales annoncées, la tendance à la hausse des prélèvements fiscaux n´a pu être enrayée, augmentant même continuellement depuis 1997 pour atteindre 24,3 % du PIB en 2007. Au total, les prélèvements obligatoires (impôts et assurances sociales) ont légèrement augmenté, s´établissant à 40,2 % et à 40,8 % du PIB fin 2004 et fin 2007. Dans cette même période, on remarquera que la baisse de la part des cotisations sociales de 17,9 à 16,5 % dans ce chiffre n´a pu compenser complètement la hausse parallèle des impôts.

Selon le rapport de la commission des experts précité, la consolidation des finances publiques résulte d´une situation conjoncturelle de l´économie mondiale favorable au Product Mix allemand et de l´accroissement corrélatif des recettes fiscales.

Cette situation tout à fait remarquable en termes de timing est la conséquence d´une part d’une véritable explosion des revenus des entreprises et des capitaux qui progressent de 535,2 à 643,5 milliards d´Euro entre 2004 et 2007, dépassant pour la première fois dans l´histoire de l´Allemagne le total des revenus nets des salariés (les chiffres correspondant se situant respectivement à 603,3 et 623, 4 milliards) et d´autre part de l´ augmentation de la pression fiscale sur les ménages et plus particulièrement sur les classes moyennes par le jeu simultané de la diminution d´abattements (dont l´abattement pour frais de transport entre domicile et lieu de travail qui vient d´être déclaré irrecevable par la cour constitutionnelle), de l´augmentation des impôts à la consommation (TVA et impôt sur les transactions d´assurance), et du non ajustement des barèmes fiscaux en vigueur dans le calcul de l´IRPP.

Comme le remarque le « Conseil des experts » dans son rapport de Novembre 2008, les

consolidations des finances publiques par augmentation des recettes « sont moins durables que les stratégies visant le train de vie de l´Etat et sont même parfois dangereuses puisqu´elles peuvent donner l´impression d´un nouveau confort incitant à une nouvelle spirale des déficits… ».

4- Formation professionnelle

Depuis 2003 la formation professionnelle financée directement par l´Agence pour l´Emploi a été progressivement réduite des deux tiers. En 2007, les mesures de formation prises en charge par le service public n´auront ainsi concernées que 123.000 jeunes de moins de 25 ans, chiffre à comparer avec les 350.000 fin 2002.

De moins en moins d´entreprises allemandes –environ 25 % des entreprises fin 2007- forment des apprentis dans le cadre de la formation professionnelle dite duale. Sur un total de 950.000 jeunes qui quittent l´école ou le lycée chaque année, environ 35 % - soit environ 330.000 jeunes- s´inscrivent en université ou en établissements d´enseignement supérieur. Les contrats de formation avec les entreprises, contrats qui permettent l´accès à une formation professionnelle dite duale n´ont concerné que 320.000 jeunes en 2007.

Ainsi 300.00 se sont retrouvés sans aucune formation professionnelle cette année. Conséquence du désengagement de l´Agence pour l´emploi et du nombre de plus en plus faible des contrats de formation intra- entreprise, le pourcentage de jeunes de 20 à 29 ans sans formation professionnelle représente désormais 15 %.

5- Marché du travail

D´abord quelques chiffres qui permettront de mieux comprendre les enjeux.

Entre 2004 et 2007, le nombre de salariés soumis aux cotisations sociales obligatoires est resté quasiment constant pour s´établir à 26,616 millions de personnes fin 2007.

Selon le rapport mensuel de la Bundesbank en date d´Avril 2008, le nombre de salariés travaillant hors Allemagne pour des sociétés appartenant majoritairement ou minoritairement à des groupes allemands est passé de 7,377 en 2004 à 8,159 millions en 2006, soit une augmentation de 10,6 %.

La délocalisation progressive de la production en amont est illustrée plus massivement encore par la part des importations des biens intermédiaires dans le total des importations. Ces biens sont donc importés pour être réexportés. Selon Eurostat-Comext, les chiffres pour l´Allemagne et la France sont les suivants pour la période 2004 à 2006 : de 53 à 56 % et de 49 à 50 %. Depuis 2000, l´Allemagne est le pays européen qui délocalise le plus massivement ses activités de production en amont. A positionnement technologique constant, l´industrie allemande a parfaitement compris l´avantage compétitif additionnel qu´elle pourrait tirer d´une gestion rigoureuse de ses coûts et ainsi de ses marges. A la politique d’externalisation en amont est venu s´ajouter la possibilité de créer en Allemagne un secteur de salaires bas et précaires : l’industrie allemande devient de plus en plus une machine à pressurer les coûts.

C´est donc dans ce contexte de compétition par les prix à Product Mix donné que s´est posée la question de l´employabilité de la population allemande.

Et la réponse de l´Agenda 2010 n´est autre que de réduire massivement les coûts salariaux en Allemagne pour au moins maintenir l´emploi, quitte à créer des emplois non rémunérateurs devant être subventionnés par le contribuable. Ce sont les fameux Kombi -Löhne.

La proportion de salariés cotisant aux assurances sociales obligatoires et sous contrat précaire (travail à temps partiel, CDD autorisés depuis 2004 jusqu´á 4 ans ou encore travail à rémunération inférieure à € 400 bruts) sous conditions contractuelles dites « atypiques » est ainsi passée de 28 à 32 %. En y ajoutant le pourcentage de salariés sous contrats d´intérim dont le nombre a triplé depuis 2004 du fait de la suppression de la durée maximale légale limite d´emploi de 12 mois, la population salariale « atypique « représente fin 2007 de 33,8 % du nombre total des salariés.

Dans ces conditions, il n´est pas étonnant que la masse brute des salaires et traitements n´est progressé que de 4,7 % sur la période de 2004 et 2007, donc à un rythme inférieur à celui du PIB qui lui progresse lui de 9,5 %. En tenant compte de l´inflation, cette évolution revient à une véritable diminution des salaires réels.

Le refus de mettre en place un Salaire Minimum au niveau national ainsi que les mesures

« d´incitation » au travail mises en place par l´Agenda 2010, que ce soit la réduction de la durée des indemnités chômage de 32 à 12 mois ou encore les nouvelles règlementations facilitant les licenciements ou encore la réduction à 41 du nombre de métiers exigeant un brevet professionnel contre 94 auparavant, n´ont pas créé d´emplois supplémentaires mais plutôt stabilisé le nombre des emplois existants en en changeant et la nature et le niveau de rémunération et les bénéficiaires qui viennent en grande partie des chômeurs inscrits, des mères de famille ou et des jeunes sans formation.

On voit ainsi les limites d´une telle politique qui consiste surtout à faire du bricolage à court terme alors que ce type de réponse aurait du être accompagnée par une offensive des qualifications professionnelles de haut niveau permettant à l´Allemagne de mieux préparer sa population active aux défis posés par une économie tournée résolument vers les hautes technologies et les services de l´avenir, la soi-disante économie du savoir.

6- Santé

Depuis 2004 les assurances maladies obligatoires ne sont plus en déficit.

La hausse des cotisations, l´augmentation du ticket modérateur, le contrôle des prestations médicales, la baisse des remboursements, de nouvelles cotisations couvrant les prothèses dentaires (0,40 %) et les indemnités journalières (0,50 %) à la charge des seuls salariés, telles sont les mesures immédiates ayant permis d´assainir les caisses d´assurances obligatoires.

L´augmentation parallèle des recettes de 6,4 % en 3 ans est restée supérieure à celle des salaires bruts. Cette hausse a été supportée entièrement par les ménages, le principe du financement de l’assurance maladie qui reposait avant sur la prise en charge paritaire employés – employeurs ayant de facto volé en éclats.

La diminution et le vieillissement moyen de la population ne manqueront pas de reposer à moyen terme la question d´un traitement plus systématique et plus solide du financement de ce système de protection sociale.

7- Retraites

Le Plan d’urgence mis en place en 2004, qui a conduit les gouvernements Schröder et Merkel à geler les pensions pendant 3 ans, a pu stabiliser la subvention de l´Etat à 55,9 Milliards d Euro en 2007. Les recettes ont diminué en 2005, reflétant désormais les conditions atypiques des travailleurs pauvres de plus en plus nombreux sur le marché du travail, lesquels ne peuvent pas financer par leurs maigres cotisations un niveau de retraite décent. Si elles ont réaugmenté jusqu’à 2007, c’est grâce à la hausse concomitante du taux de cotisations de 19,5% à 19,9% et du plafond de la Sécurité sociale. Ce sera donc aux futures générations de contribuables de payer cette dette implicite additionnelle de l´Etat.

La question des retraites et de leur financement n´a reçu qu´un début de réponse dans l´Agenda 2010, à savoir que l´Etat se dégage de toute responsabilité en tant que garant du niveau des retraites et qu´il invite les futurs retraités à souscrire individuellement à des retraites volontaires et capitalisées. Ces dernières ne pourront suffire à compenser réellement le faible niveau des retraites reversées par les caisses publiques aux « atypiques ». A cette situation s´ajoute le facteur démographique. Entre 2000 et 2007, la population allemande diminue en valeur absolue. Plus inquiétante encore est la diminution de la tranche d´âge de 0 à 15 ans qui fond de quelques 1.500.000 de personnes dans cette période. Les projections démographiques publiées par le conseil des experts partent du principe que la population se situerait en 2020 au même niveau qu’en 2007 pour décliner légèrement à partir de 2030 puis se réduire d´environ 3 million d´ici 2050. Ces projections sont pour le moins très optimistes et semblent avoir l´objectif de ne pas trop affoler l´électorat.

A noter que depuis 2000, la population des étrangers s´est elle aussi réduite de 550.000 personnes.

On conclura que les gouvernements successifs ne voient de solution ni dans l´immigration, ni dans l’intégration des migrants.

8- Famille

Un des facteurs majeurs qui impacte le plus directement la fécondité des femmes réside dans l´accès des enfants à l’école maternelle dès l´âge de trois ans et le développement des cantines et des garderies après l´école : en Allemagne et aux Pays-Bas, par exemple, la scolarisation des enfants est beaucoup plus tardive, les cantines sont rares et les écoles sont souvent fermées l´après-midi, ce qui ne facilite guère le travail des mères. En s´attaquant directement aux tabous culturels très forts en Allemagne et qui voulaient que ce soit aux mères et non à des « étrangers » de s´occuper des enfants (réaction historique à l´embrigadement idéologique de l´Allemagne sous les régimes Nazi puis prosoviétiques), l´Agenda 2010 a fait incontestablement acte de courage culturel et politique. Quatre ans plus tard, il y a désormais consensus au delà les partis pour dire « qu´il faut rattraper ce qui est communément pratiqué par les autres pays européens » (Ministre de la Culture de la Sarre- CDU).

L´Agenda 2010 prévoyait de financer jusqu´à 2007, à concurrence de 4 Milliards d´Euros par an, la mise ne place d´écoles à plein temps ouvertes de 8 h à 16 h. Le nombre de ces écoles est passé de 1000 en 2004 à 7000 fin 2007.

Si la Bavière reste en queue de peloton avec un taux de 4% d´enfants insérés dans ce nouveau système scolaire, les Länder de Berlin, de Hambourg, de Saxe et de Thuringe dépassent aujourd´hui le taux de 30 %.

Cette initiative est donc un succès qui sera reconduit en 2009 selon la Ministre fédérale pour de l´enseignement et la recherche.


14 décembre 2008

L'Agenda 2010, 8 domaines pour redresser la compétitivité allemande

2è partie du travail de Jean-Philippe Zecevic sur le bilan des réformes économiques en Allemagne depuis 2004


Les mesures mises en place à partir de 2004 constituent un plan courageux de retournement à court terme d´une économie ayant choisie de baisser radicalement ses coûts de production et de distribution et d’améliorer l´état de ses finances publiques afin de stimuler la croissance, améliorer l´emploi et consolider ses systèmes de protection sociale.

L´Agenda 2010 n´est autre qu´un ensemble structuré de mesures destinées à s´attaquer aux faiblesses spécifiques de l´économie allemande telles qu´elles sont connues et communiqués régulièrement dans les rapports de compétitivité du World Economic Forum et qui sont regroupées en 8 grandes thèmes:

1- Stimuler la croissance par le soutien l´investissement, la baisse des charges sociales des entreprises, et l´aide à la création d´entreprise.

2- Augmenter le nombre de diplômés de l´enseignement supérieur.

3- Baisser les impôts des particuliers et des entreprises.

4- Intensifier la formation professionnelle par l´ allègement des conditions requises pour former les apprentis et le raccourcissement d e 3 à 2 ans de la formation professionnelle pour les nouveaux métiers.

5- Flexibiliser les marchés du travail par la dérégulation et la création d´un secteur de bas salaires, et stimuler la création des entreprisses individuelles ou encore la Ich-AG (société unipersonnelle).

6- Revoir le financement et réduire les charges directes de la de l’assurance-santé pour les entreprises en les transférant sur les ménages.

7- Freiner la subvention aux retraites par le gel des retraites (en 2004, 2005 et 2006) ainsi que introduction d´une couverture d´assurance retraite individuelle, complémentaire et capitalisée.

8- Développer les familles : Mise en place des écoles maternelles et écoles ouvertes toute la journée, permettant ainsi aux parents de pouvoir concilier vie familiale et professionnelle. (Financement fédéral de € 4 Milliards par an de 2005 à 2008).

Depuis 2004, dans la foulée de l´Agenda 2010, l´Allemagne a vu la part de ses exportations dans son PIB passer de 38,5 % à 46,9 % en 2007 et ce faisant, n´est pas seulement le champion du monde l´export mais aussi le grand pays industriel le plus exposé au marché mondial (rappelons que les chiffres correspondant pour la Chine, France et le Japon sont respectivement de 36,9 %, de 21,8 % et de 16,3 % !).

Ce déséquilibre entre marché intérieur et exportations avec son exposition majeure à toute contraction du commerce international fait de l´économie allemande la version chinoise du monde occidental et pose ainsi la question de son modèle industriel et de son insertion à long terme dans l´économie globale.

12 décembre 2008

La réponse allemande à la crise

1ère partie d'un document en plusieurs parties réalisé par Jean-Philippe Zecevic, intitulé "la réponse allemande face à la crise : encore et toujours l'Agenda 2010" sur l'analyse de la politique économique et sociale allemande depuis 2004. Cette note va se montrer étonnamment en porte-à-faux vis-à-vis de ce qu'on entend habituellement sur le miracle économique allemand.

Le plan de conjoncture qui vient d´être voté au Parlement sur la base du projet déposé le 5 novembre ainsi que les boycotts répétés de l´Allemagne à une réponse européenne coordonnée de la crise économique actuelle sont révélateurs d´une attitude isolationniste de ce pays depuis 2003, date à laquelle fût décidé un programme radical de retournement économique et sociale dit Agenda 2010.

Avec 4,0 et 7,7 Milliards d´Euros pour 2009 et 2010, le paquet fiscal adopté début Décembre par la grande coalition CDU/SPD ne représentera donc que 0,02 % et 0,04 % du PIB allemand. Grosso modo, l´essentiel des mesures revient à stimuler par des baisses modestes des impôts la consommation des ménages soit 0,38 et 1,04 Milliards d´Euro (essentiellement l´exonération de la vignette pour toute nouvelle acquisition de voiture) et l´investissement des entreprises soit respectivement 2,18 et 4,70 Milliards d´Euro (plus particulièrement la réintroduction de l´amortissement dégressif supprimé dans la loi des finances pour 2008).

L´investissement en infrastructures public – en particulier les transports publics- fait un peu office de parent pauvre puisqu´il se voit doté de 1,32 et 1,40 milliards supplémentaires pour les deux prochaines années.

Considérant les moyens mis sur la table, on peut se demander comment un si faible paquet fiscal (rappelons que le premier paquet fiscal U.S. représente 6 % du PIB) peut générer des investissements supplémentaires de l´ordre de 50 Milliards d´Euros comme le prétend le ministre des finances Peer Steinbrück. Le multiplicateur d´investissements serait ici de 4,5 alors que les chiffres retenus par les économistes allemands sont plutôt de l´ordre de 0,5 pour les baisses d´impôt et de 1, 5 pour les investissements publics.

Au-delà du Marketing politique, on a plus que jamais l´impression que la crise actuelle ne concernerait pas vraiment l´Allemagne mais tout au plus ses partenaires commerciaux.

Dès lors, l´Allemagne n´aurait aucune raison de se soucier de cette crise puisqu´elle prétend avoir fait, elle, un bon travail de gestion de ses finances publiques et de son économie depuis 2004, qu´il ne saurait être question de remettre en cause par des déficits supplémentaires.

Comme l´indiquait récemment Michael Glos, ministre de l´économie « nous espérons que les mesures prises par les autres pays aideront nos exportations… »

On ne peut être plus clair et y voir une politique du chacun pour soi qui ne peut nous faire oublier que 64,6 % des exportations allemandes se font avec l´ Europe des 27. Ce serait donc aux partenaires commerciaux privilégiés de l´Allemagne de supporter seuls la charge des plans de relances de l´économie européenne.

Encore une occasion, pour l´Allemagne, de se refaire une santé sur le dos de ses partenaires européens dans la continuité de ce qu´elle fait déjà depuis 2004, c´est à dire au niveau de la compétition de ses produits par les coûts.

3 décembre 2008

Le couple Merkel - CDU en crise larvée

Une Chancelière songeuse et isolée, lors du congrès de son Parti


Le Congrès de la CDU vient de se terminer à Stuttgart.
En façade, tout s'est bien passé, puisqu'Angela Merkel s'est faite réélire Présidente du Parti par 95% des voix des délégués présents.
En coulisse, l'humeur est maussade. Des critiques sourdes s'abattent sur la Chancelière. Les non-dits s'accumulent. La gestion de la crise par Merkel est critiquée, tant par l'opinion que par le parti.
La CDU avait voulu en Merkel une personne qui allait rénover l'image du parti, le moderniser, le rendre victorieux électoralement. C'est chose faite et les sondages le confirment, la CDU, avec 35% des voix serait largement en tête aux prochaines élections.
Mais Merkel a fait ce pas aux dépens des "éléphants" du parti pour changer sa politique, rompant avec les conservatismes d'antan (politique familiale, rapport aux minorités).

Nous sommes en décembre 2008 : le crise économique est passée par là et les cadres CDU veulent un message fort et puissant sur les solutions. Ils ne recueillent qu'une analyse froide, technique, certes intelligente mais peu enthousiasmante. Les solutions apportées en interne face à la crise : baisse des impôts (oui, je sais, à la CDU, c'est vraiment l'imagination au pouvoir !), soutiens à l'automobile et retour en arrière sur les objectifs de CO2 (bravo le parti qui se dit
écolo) ; n'ont pas connu de soutien de Merkel. Elle a, et je pense que la société, et moi notamment, lui en est reconnaissante, refusé en bloc toutes ces exigences. Sans formuler de solution de rechange. Le plan anti-crise Merkel n'existe pas. Ainsi la CDU se prend à rêver de s'appeler UMP : un Président fort, présent, qui envoie des messages clairs, populistes à souhait, serait de nature à réjouir ses cadres. Mais Merkel n'est pas Sarkozy : la gestion de crise, ce n'est sa tasse de thé. La vision long terme, oui.

Ce n'est pas un problème de leadership : celui de Merkel est incontesté, et bien malvenu serait celui qui s'opposerait, tant des sièges d'élus dépendent d'elle. Mais il y a des signes.
Le vote par le Congrès, contre l'avis de son bureau politique, d'une motion demandant à ancrer dans la Constitution allemande la langue de Goethe comme langue de la République, a énervé Merkel. Un signe, un de plus, d'une fracture importante dans ce grand parti populaire.

Une fracture, si elle se prolongeait, pourrait rendre le parti incontrôlable et donc le pays. Laisser à la tête du pays un parti fissuré est dangereux et délicat. Les Francais le savent bien, eux qui refusent aux socialistes la moindre victoire nationale depuis de nombreuses années.
Et ce n'est pas le SPD, en difficulté lui aussi, qui peut servir d'alternative.

Définitivement, l'année politique 2009 sera palpitante en Allemagne.