Bonjour à tous,
Tout d’abord, dans une société francaise dans laquelle on a longtemps categorisé les citoyens à gauche ou à droite, il y a des habitudes de vote liées à un réflexe social : “je me sens de gauche donc je vote (aveuglément) à gauche” et inversement : c’est ce que fait quelqu’un qui arrive, tout nouveau, dans un nouveau lieu d’habitation et qui se retrouve confronté à une election locale où il ne connait personne. Il y a pour certains citoyens un instinct dans leur vote. On le retrouve par exemple en Bavière où dès leur plus jeune âge, les citoyens sont conditionnés pour ne voter que la CSU (chrétiens-sociaux). Dès lors, tout vote pour quelqu’un d’autre est occasionné par une profonde réflexion du citoyen sur son vote “rebelle”. Je pense qu’on peut sans crainte catégoriser le vote Bayrou comme un vote réfléchi et non pas instinctif.
Le développement des medias, la révolution Internet et un niveau global de culture plus important de la population ont poussé par exemple les électeurs bavarois à faire passer la SCU de 65% à 50% en 10 ans. Je ne conteste pas que la réflexion pousse beaucoup à rester dans la voie dans laquelle ils étaient situés par instinct social, je pense que d’autres ont changé à l’aune de cette réflexion. C’est aussi pour cela que le vote instinctif perd, en
Alors pourquoi la montée du phénomène Bayrou maintenant ? On peut distinguer plusieurs elements successifs qui ont poussé les citoyens à la réflexion :
1) la critique sur les medias, qui sont loins d’être populaires en
2) la critique du bipartisme primaire (un
3) Le fait que la critique du système vienne d’un candidat du
Ces elements, la majorité des francais peut les sentir. C’est ce qui a expliqué la montée de Bayrou en janvier. Ca ne vaut pas adhésion. Il y a avant tout un vote rejet (donc par consequent volatile).
1) les décus du PS, qui n’a jamais fait sa mue, ni après 2002 ni après 2005. Certains élus quittent le PS, que ce soit violemment (Eric Besson, l’ex responsable du programme de Royal) ou plus feutrée. Le vote Bayrou apparait dès lors pour beaucoup de gens de (deuxième) gauche comme le seul moyen de faire évoluer un parti sclérosé par ses contradictions.
2) toujours à gauche, ceux qui ne croient pas en Ségolène Royal et se disent que Bayrou permettra une représentation de certains courants de la gauche dans le gouvernement. Ce comportement réfléchi va à l’encontre de ce que disait Hollande : “nous serons l’opposition à Bayrou”. Bayrou élu, si le PS s’oppose, il sera balayé aux legislatives car beaucoup de ses électeurs ne le comprendraient pas. Historiquement, les partis responsables de blocages institutionnels se font toujours sanctionner lors des elections. Donc certains élus du PS se rallieront.
3) à droite et au centre-droit, et on le voit avec les ralliements des petits candidats (Lepage, CAP21, écologiste ; Fillias, Alternative Libérale, libéraux sociaux ; probablement Waechter, MEI, écologiste; peut-être Dupont-Aignan, ex-UMP, gaullistes républicains) ainsi que d’Azouz Begag ou le fait que les adhérents du Parti Radical, celui de Borloo, appellent ce dernier à soutenir Bayrou, il y a un souci de représentation démocratique des courants. L’UMP n’est pas un espace de débat, c’est le parti du chef et c’est tout. Un clan où plus je suis près du chef, plus j’aurai un bon poste. Une cour où „si nous pensons tous la même chose, nous ne pensons plus rien“ (Bayrou au congrès de création de l’UMP en 2002). Le vote Bayrou apparait comme un vote permettant l’existence et la représentation des courants de pensée minoritaires à droite et au centre.
4) enfin, il y a le vote de rejet anti-Sarkozy ou anti-Royal : le premier est présent en banlieue, chez certains jeunes ou fonctionnaires. Chacun peut se rendre compte que Sarkozy n’a aucune chance face à Bayrou au deuxième tour, alors que Royal est en position plus que délicate face à Sarkozy (du au fait que nombre d’anciens électeurs de gauche ne voteront jamais pour elle). Le vote utile “anti-Sarko” peut être un vecteur puissant en faveur de Bayrou. Le vote “anti-Ségo” s’exprime dans une moindre mesure, car Sarkozy a l’avantage sur Royal. Cela peut encore changer.
5) Bayrou ne fait peur à personne (sauf au partis en place et à Le Pen, bien sûr), aussi parait-il comme une alternative tout à fait crédible pour rassembler les francais contre quelque chose que ceux-ci ne veulent pas. “La
1) après la débâcle de 2002, c’est pour beaucoup de francais “classés à gauche” difficile de voter à nouveau avec des francais “classés à droite” ou pour un candidat de centre-droit. Il y a un vague blocage qu’il s’agit de désinhiber (globalement : en quoi Bayrou ne nous trahira pas comme Chirac l’a fait) et une idéologie grégaire disant “oh non pas deux fois de suite sans la gauche au 2e tour”. Toute argutie par rapport aux programmes n’est qu’un leurre : chacun sait, y compris à gauche, que celui de Royal n’est qu’un catalogue de 100 mesures au mieux irréalisables, au pire dangereuses (à l’exception de certaines qui apparaissent faire du sens). Ce programme cher (60 milliards, basé sur une hypothèse de croissance à 3%), ne tient pas une seconde la route face à celui de Bayrou (10 milliards, basé sur une croissance à 2%.) et ce qui sera réalisable du programme n’est pas plus à gauche que chez Bayrou. A preuve, Royal reprend régulièrement nombre de mesures pronées par Bayrou (réunification regions-départements, Vie République, tout ca ce week-end). Bref, la ligne politique n’est pas claire au PS, A droite, il y a moins de désinhibition à faire, cependant chez beaucoup le désir de “revanche” réactionnaire (sur les syndicats, les fonctionnaires, certains immigrés, les idées gauchisantes) est très fort. Dés lors, le côté irréalisable du programme de Sarkozy (50 milliards, bases sur une croissance à 2,5%, sans compter les baisses d’impôts) n’intéresse plus personne. C’est ce qui ressemble à un programme-alibi. Dans cette campagne on ne parle meme plus de programmes. Le candidat Bayrou doit donc populariser ses mesures (ce qui a en partie commencé) et rassurer la gauche sur ses intentions (ce qu’il fait aussi, article de Libé joint).
2) les candidats de gauche comme de droite, relayés par des journalistes qui bien souvent n’ont rien vu d’autre que le bipartisme et n’ont jamais mis les pieds hors de France, font croire aux francais avec un certain succès que l’arrivée de Bayrou sera au mieux l’immobilisme, au pire la crise politique. “Bayrou est le pire de tous” (dixit Veil), je croyais que c’était Le Pen moi. La stratégie de Bayrou va devoir consister à rendre ce discours caduc. Ca a commencé, il n’y a déjà plus beaucoup de réfeérences insensées à la IVe République dans les discours des concurrents. On fait à Bayrou la critique qu’on faisait à Mitterrand en 1981. Une fois élu, les citoyens mettront au Parlement les candidats de la majorité Espoir (j’ai trouvé ce nom pour decrier la majorité qui appliquera le projet d’Espoir). Ceux qui refusent le travail en commun seront sanctionnés dans les urnes par les citoyens qui justement ne veulent pas de l’immobilisme. Taxer Bayrou d’immobilisme c’est implicitement penser que les francais le souhaitent. Quand à l’impossibilité du travail en commun des compétences, il suffit de proposer que ceux qui ne veulent pas ne participent pas : il y aura un nouveau souffle. Quand on voit ce que font CDU et SPD en commun en Allemagne, on est loin de la crise politique ou de l’immobilisme. L’alternance tous les 3-4 ans, n’est ce pas cela l’immobilisme ? N’est-ce pas déjà une crise politique ?
2 commentaires:
Le moins que l'on puisse dire, c'est que vous aimez, vous croyez en Bayrou. Affirmer que les programmes du PS et de l'UMP sont irréalisables, c'est osé. Prétendre que Royal a emprunté la plupart de ses idées à Bayrou, c'est malhonnéte. La démocratie participative, le changement des institutions, le retrait face aux appareils, Royal l'avait pratiqué, et conceptualisé bien avant votre candidat. Bayrou, il me semble, à l'exception des inébranlables lutte contre la dette et "je prendrai les meilleurs" invente chaque jour son programme.
J'aimerais bien savoir où et quand Royal a conceptualisé tout ca. Tout le programme institutionnel de Bayrou est écrit dans "Au nom du Tiers-Etat". Quand je dis irréalisable, c'est qu'au niveau de la dette actuelle, on s'attend à un discours du type : "la droite a tellement plombé les comptes qu'on ne pourra pas tout faire" si Royal passe. On ne peut pas faire des chèques en blanc, et les candidats le font. C'est ca qui est malhonnête.
Bayrou n'est pas mon candidat, j'étais pour Strauss-Kahn à l'origine...
Enregistrer un commentaire