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12 mai 2007

bilan de l'élection présidentielle

Ce qui devait arriver arriva…

L’élection présidentielle 2007 est terminée. Cette année, les sondages ne se sont pas trompés. Ségolène Royal, représentante d’une gauche qui aurait dû gagner, tant la conjoncture était favorable (popularité du gouvernement au plus bas, bilan de l’ex Ministre de l’Intérieur très ambigu, mobilisation sociale de la gauche, division importante de la gauche de la gauche, participation systématique de la gauche à tous les gouvernements des grands pays européens), a réussi à faire échouer le PS.

Le message socialiste était brouillé depuis le départ. Son programme n’était qu’un appel à la défaite, tant le PS, en son sein, connaît sur chaque question importante (Europe, retraites, salaires, fiscalité, nucléaire) toutes les composantes possibles.

Une partie de la gauche s’est réfugiée dans le vote centriste du candidat Bayrou. C’était le seul à éviter l’élection de Nicolas Sarkozy. Tout le monde le savait, mais le PS a fait campagne pour atteindre le 2e tour, pas pour le gagner. Syndrome du 21 avril oblige.

Désormais, il y aura le 6 mai. On ne peut pas dire que la gauche n’avait pas été prévenue. Pour conjurer le sort de 2002, le PS a préféré choisir l’élection de Nicolas Sarkozy. Les électeurs de gauche, qui, eux, subiront la politique du Président Sarkozy, se sont fait tromper par la lubie du « vote utile ».

Désormais, il faut tirer les leçons de cette élection. D’abord, souhaiter que Sarkozy arrive à mettre en place son programme visant à moderniser la société française, et espérer que les points les plus réactionnaires voire liberticides mis en avant lors de sa campagne soit mis au rebut.

Ensuite, souhaiter que la gauche se rénove et se réforme. L’avenir pour la gauche est celui-ci : une gauche socialiste, allant des anciens communistes à Fabius-Emmanuelli-Mélenchon et une gauche sociale-démocrate autour de Dominique Strauss-Kahn. Toute autre constellation est synonyme d’échec.

Enfin, espérer qu’un pôle démocrate se crée au centre, avec un réel pouvoir de vigilance, sachant s’opposer lorsque c’est nécessaire, sachant soutenir le gouvernement lorsque son travail est bon. Pour en finir avec l’opposition ou l’adoubement systématique.

Qu’a-t-on constaté, d’un côte comme de l’autre ?

Au PS, d’abord nous avons vu les éléphants tirer sur le Parti puis se réconcilier en vue des législatives. Circulez, il n’y a rien à voir, le PS n’a pas perdu, la preuve, il constitue une immense famille unifiée pour vaincre aux législatives. La moitié du PS veut rester dans l’Union de la gauche, l’autre moitié veut s’unir avec le Mouvement Démocrate de Bayrou, et le chef fait des blagues pour réconcilier tout le monde. C’est limpide et la victoire sera au rendez-vous, sans coup férir (fait-rire).

A l’UMP, la machine de guerre est en place. Les ¾ des élus UDF vont être inféodés, mis au fer, rendus muets pour pouvoir se faire réélire. La politique de terreur et le bon goût de la soupe semblent faire perdre à de nombreux élus leurs convictions. Il y aura donc un « pôle de droite » majoritaire, un « pôle du centre » et un « pôle de gauche » autour du Président Sarkozy, dont le rôle sera de dire oui et bravo à tout bon mot du grand chef. Le pouvoir absolu, très confortable pour appliquer un programme, est très dangereux car il n’empêche pas les erreurs. Or chacun fait des erreurs, et nul doute que, malgré son talent, Sarkozy en fera.

Au Mouvement Démocrate, il n’y aura plus grand monde : quasi aucun cadre, aucun élu, tous racolés par l’UMP, plus qu’une armée d’électeurs ne se retrouvant plus dans le clivage sempiternel droite-gauche. L’UMP n’a pas réussi à tuer l’UDF en 2002, nul doute qu’elle ne va pas se gêner et vouloir tuer le Mouvement Démocrate autour de François Bayrou.

La situation est limpide. Les français ne veulent pas d’un bipolarisme forcené, cependant les forces politico-médiatiques y sont intéressées, car c’est plus simple. Ni le PS ni l’UMP n’ont intérêt à avoir une troisième force.

Donc pour les législatives, scrutin non proportionnel, il y aurait deux situations possibles face à l’UMP, qui de toutes façons va gagner, comme le parti du Président nouvellement élu a toujours gagné.

Soit le PS la joue perso, auquel cas c’est une déroute historique qui l’attend, tant il est affaibli dans de nombreux de ses ex-bastions. Le Mouvement Démocrate, dans ce cas, fera des scores honorables dans 577 circonscriptions, le permettant de se maintenir pour provoquer de nombreuses triangulaires (aux législatives, on peut se maintenir au 2e tour dès lors qu’on a réalisé 12,5% des inscrits). Le mode de scrutin lui garantira un échec monumental.

Soit le PS réalise certains accords locaux avec les démocrates, auquel cas et PS et Mouvement Démocrate limiteront la casse.
La tendance et l’histoire du PS (préférant la théorie du suicide plutôt que partager un gain) laissent penser à la première solution. Auquel cas nous aurons 450 députés UMP, 120 socialistes et quelques démocrates, qui se rattraperont aux élections suivantes (locales, européennes), où la proportionnelle leur donnera des sièges.

Si le PS accepte des accords, même partiels, il y aura 30 députés de plus de chaque formation.

Quel avenir pour le Mouvement Démocrate ?

Si les élus de l’UDF vont tous à la soupe sarkozyste, ce qui va à l’encontre de la campagne menée autour de François Bayrou, le Mouvement Démocrate aura définitivement rompu avec son image rétro de parti mou de centre-droit, et conservera une part importante des électeurs de François Bayrou du premier tour de l’élection.

Son avenir prendra le chemin du Parti Libéral-Démocrate au Royaume-Uni. Les libéraux et les sociaux-démocrates ont fusionné en 1988 pour progresser de 16% au début des années 90 à 22% aux élections législatives de 2005. Faible progression, qui cependant a fait tripler leur nombre de députés, étant donnée l’absence de proportionnelle là-bas. Bientôt, ce sera un parti charnière.

Ce mouvement réussira-t-il derrière la personnalité charismatique de François Bayrou ? Les institutions sont fortement contraignantes pour sa pérennité, cependant la population devra décider si, oui ou non, entre un Etat-UMP omnipotent et un PS figé sur ses querelles internes et ses positions passéistes, il y a une légitimité pour un Parti libre, qui se fera le réceptacle des déçus du PS et de l’UMP.

J’ose espérer que oui, et c’est la raison pour laquelle j’ai choisi, avec quelques amis, de m’engager sur cette voie à Francfort en créant la future section de ce Mouvement.

Je vous encourage à pré-adhérer au Mouvement Démocrate pour montrer votre volonté de ne pas baisser les bras.
http://www.mouvementdemocrate.org/

30 avril 2007

mon intention de vote au deuxième tour

Chers tous,
vous fûtes témoins de la campagne je crois respectueuse et pleine de convictions que j'ai menée pour Francois Bayrou.
Je considérai que tant Ségolène Royal que Nicolas Sarkozy n'étaient pas adaptés à la situation. Je persiste à le penser et je m'engagerai aux côtés de Francois Bayrou dans son nouveau parti politique.

Les événements de ces derniers jours m'ont éclairé un peu plus sur l'esprit des deux candidats restants au second tour. Nous avons vu Royal faire preuve d'esprit d'ouverture vers le centre, ce qui, il faut l'avouer, est rare de la part d'un socialiste. Le débat organisé finalement fut exemplaire. Oui, il y a des points d'accord, oui, il y a des points de désaccords, nous sommes opposants, pas ennemis. L'attitude de Nicolas Sarkozy et la duplicité de son discours, disant jeudi soir à la télé ne pas pratiquer l'insulte et ayant eu des propos d'une violence phénoménale hier soir [vendredi à Clermont] à l'encontre de ses adversaires est indigne d'un grand politique. Sa victimisation permanente, sa manière de montrer qu'il est le sauveur de la démocratie, les pressions exercées sur les élus de l'UDF me donnent la nausée (d'ailleurs si 2/3 des députés UDF ont annoncé voter pour lui, seuls 2 sénateurs UDF l'ont fait). Ses tentatives d'homogénéiser le champ politique à son image, en créant un pôle du centre et un pôle de gauche, écartant de fait les opposants classiques à sa politique, démontrent la volonté de tout dominer dans le champ politique sur le principe du « qui n'est pas avec moi est contre moi ». Le fait de dire n'être « pas intéressé » par le débat Bayrou-Royal montre son mépris absolu de ses adversaires.

J'ai pu envisager dimanche soir un vote potentiel pour Sarkozy. Sur le fond du programme, tout n'est pas à rejeter, et notamment sur l'économie, je suis plus proche de ses idées.
Ses méthodes m'ont fait changer d'avis.

J'ai pu envisager dimanche soir un vote potentiel pour Francois Bayrou (vote nul). Cette démarche eut été la bonne si les deux candidats eussent été bonnet blanc – blanc bonnet. Il se trouve qu'un candidat a teinté son bonnet de couleurs noires.

J'ai pu envisager dimanche soir un vote potentiel pour Ségolène Royal. Son programme économique et social, bien évidemment complètement aberrant et immobiliste, ne me séduisent pas. Sa réforme des institutions est par contre bienvenue et son esprit d'ouverture, de rupture avec les deux blocs, même si je ne suis pas dupe de l'aspect électoraliste de cette attitude, me parait avoir évolué dans le bon sens.

Quoi qu'il en soit, quel que soit le vainqueur, je serai dans l'opposition au vainqueur de l'élection, tout en pensant peser sur le cours des choses. A l'hostilité permanente, à la défiance, à la violence, je préfère le débat démocratique, le respect des différences. Je préfère être dans une opposition constructive, qui ne dira pas oui toujours, ni non toujours, à être dans une opposition vilipendée et ostracisée.

Pour ces raisons, et en toute conscience, je voterai dimanche prochain pour Ségolène Royal.

Cela ne veut pas dire que je la soutiens. Cela ne veut pas dire que mes amis politiques choisissant Nicolas Sarkozy sont mes ennemis, loin de là.
Le respect dont Ségolène Royal me fait preuve lui garantira ma voix. J'invite chacun à réfléchir sur le sens de son vote.

Salutations,

23 avril 2007

Premier tour : résultats des bureaux de vote de Francfort

Résultats de Francfort :
Inscrits : 5994
Votants : 3011 - 50,2% (rappel 2002 - de mémoire) : 32%

Exprimés : 2987

Ségolène Royal : 975 - 32,6 % (2002 : Jospin ca. 27%)
Nicolas Sarkozy : 874 - 29,3 % (2002 : Chirac : ca. 24%)
Francois Bayrou : 870 - 29,1 % (2002 : ca. 10 %)
Dominique Voynet : 78 - 2,6 % (2002 : Mamère ca. 10%)
Jean-Marie Le Pen : 60 - 2,0 % (2002 : ca. 4%)
José Bové : 39 - 1,3%
Olivier Besancenot : 25 - 0,8 %
Marie-George Buffet : 23 - 0,7 %
Philippe de Villiers : 22 - 0,7 %
Arlette Laguiller : 19 - 0,6 %
Frédéric Nihous : 1 - 0,0 %
Gérard Schivardi : 1 - 0,0 %

En 2002, les divers candidats de gauche (Chevènement, Besancenot, Buffet, Taubira, Laguiller, Glückstein) avaient obtenu en cumulé 15 %, divers droite (Madelin - Lepage-Boutin) 10 %. Ceux-ci sont laminés cette année, avec un report des voix de ces candidats et des Verts sur les 3 grands candidats, Francois Bayrou réalisant la percée la plus impressionnante.
Politiquement, Francfort reste de centre-gauche.

Il reste 2 semaines pour savoir sur qui se reporteront (ou pas) au deuxième tour les 38% d'électeurs sur Francfort qui ont voté pour un des 10 candidats défaits.

Au deuxième tour de 2002, Jacques Chirac avait rassemblé plus de 96 % des voix. En 1995, Jospin avait battu Chirac de peu.

15 avril 2007

clivage gauche-droite, où es-tu ?

Cette semaine riche en évnénements de campagne m’a fait réfléchir sur le clivage gauche-droite.

Tous les candidats, sans exception, ont tapé sur Francois Bayrou cette semaine, dans les médias, le traitement de l’information est fait sous le prisme « Ségo-Sarko », en tentant de remettre en place le clivage gauche-droite.

Je vous donne joint un florilège de déclarations sur Francois Bayrou et le clivage gauche-droite, entendues cette semaine :

  • Marie-George Buffet, sur France 2 : « Francois Bayrou est un homme de droite » qui mènera « une politique libérale comme MM de Villepin et Raffarin »
  • Nicolas Sarkozy dans Libé : « François Bayrou est devenu un candidat de gauche » et dans le même article : « Ségolène est plus à droite que Jospin, je suis plus à droite que Chirac, Bayrou est plus à droite que Lecanuet ». Lecanuet devait être un gauchiste menaçant à l’époque, donc.
  • Jean-Marie Le Pen au Figaro : « les candidats savent bien que je suis le rival qui peut leur prendre des voix. Donc Sarkozy vient sur mon terrain le premier. Ségolène Royal suit Sarkozy et tout le monde court derrière moi. » et, dans son style inimitable, « Francois Bayrou est l’homme qui parle à l’oreille des chevaux, mais moi, je suis celui qui parle à l’oreille des électeurs. »
  • Ségolène Royal a choisi d’ignorer formidablement Francois Bayrou ainsi que tout référence à la gauche, sauf « à lui faire confiance pour la mettre en tête au premier tour ».
  • Nicolas Sarkozy a relevé dans son meeting de Toulouse que "ces valeurs de la gauche de jadis, j'ai voulu que la droite républicaine, qui les avait trop négligées, les reprenne à son compte au moment où la gauche les abandonnait".
  • Francois Bayrou, à la question du journal Métro sur son positionnement gauche-droite : « J’ai des valeurs sociales plus fortes que beaucoup de gens de gauche, mais je suis pour l’efficacité. Inversement, tant qu’on n’a pas réduit le déficit et la dette, il ne saurait être question de baisser les impôts. Il faut faire des choses sérieuses et responsables »

La question est donc : où est la gauche, où la droite aujourd’hui ? Je pense que la question se pose surtout autour de la gauche, qui a perdu la majeure partie de son électorat populaire, au profit de Jean-Marie Le Pen et de Nicolas Sarkozy. L’électorat socialiste traditionnel est composé d’une classe moyenne relativement peu défavorisée, car la partie de la population qui a souffert depuis 30 ans a aussi été victime de cette politique de la gauche.

La gauche a en quelque sorte trahi son électorat habituel : promesses non tenues, privatisations, 35h qui ont diminué le pouvoir d’achat. La chute, et prochaine mort du PCF, en est une preuve majeure. Et ce qu’elle a perdu dans l’électorat populaire, elle ne l’a pas regagné dans l’électorat de classes moyennes supérieures.

Si le clivage gauche-droite est de moins en moins visible, c’est principalement la faute de la gauche, qui a été élue sur des promesses généreuses et n’a jamais été dans la possibilité de les faire appliquer. Le programme dispendieux de Ségolène Royal va dans le même sens : des promesses de dépenses ne seront pas tenues, car (je cite par avance Francois Hollande le 10 septembre 2007) « la droite a laissé un tel bilan qu’on ne peut mettre en place nos mesures car il n’y a plus de sous ». La gauche, en se comportant ainsi, est dans une démarche de suicide. Si nombre de ses électeurs, dont je suis, sont partis rejoindre Francois Bayrou, c’est qu’ils en avaient assez de voir cette politique menée à l’encontre du programme. La gauche a du mal a parler d’argent, d’enrichissement personnel, d’entreprise à ses électeurs, alors que ses dirigeants sont au contact avec les puissances économiques du pays. Elle pratique le libéralisme tout en le dénonçant. La droite n’est pas en reste avec ses fausses promesses de baisse d’impôt et de baisse des deficits.

Cette situation n’est pas nouvelle, Bayrou la condamne dès 1999 lors d’un débat avec Sarkozy et Hollande (vidéo de 2 minutes, très intéressante):

http://www.dailymotion.com/buildfreedom/video/x1oejg_duel-bayrousarkozy-1999-uncut

On le voit dans l’affaire des « patrons-voyous », ces patrons qui licencient et ferment des usines de manière sauvage tout en en empêchant la reprise, dénoncés mardi soir par Francois Bayrou. Ces patrons qui partent avec des ponts d’or sont responsables de la défiance des francais envers les entreprises. On le voit avec Forgeard.

Sur ce thème, le PS, accoquiné avec les puissants, n’a jamais rien fait, car il a sa part de responsabilité dans cet état d’esprit qu’il cherche aussi à cultiver, cela lui donne des voix. L’UMP elle a tous ces grands patrons dans son giron, cautionnant tous leurs écarts. Bien sûr, ces deux partis s’indignent, mais qui agira en tapant au bon endroit ? Royal dit que Forgeard doit rendre l’argent, et alors ? Elle surfe sur une émotion sans en tirer les conséquences globales que seules Bayrou tire : c’est en interdisant et en punissant durement les comportements scandaleux de 1% des patrons (ces patrons-voyous) qu’on rendra aux 99% des autres leur honneur perdu.

On le voit donc, et les exemples sont innombrables, que la gauche est dans une situation difficile. Il n’est pas exclu que sa représentante, Mme Royal, gagne, cela n’est en aucun cas annonciateur de lendemains qui chantent.

La droite, elle, représentée par Sarkozy, voit que son positionnement habituel (l’ordre, l’entreprise, la liberté individuelle) est aussi rogné par Francois Bayrou. Alors elle part toujours plus à droite, soucieuse de récupérer les voix de l’extrême-droite, oubliant au passage certains principes sociaux et humanistes qui sont ceux de la France. Certains parlent même d’alliance UMP-FN, Le Pen fait des appels du pied à l’UMP, l’UMP, en promettant subitement un dose de proportionnelle aux législatives, aussi (c’est une interprétation de cette promesse).

Je ne fais pas partie de ces vierges effarouchées qui disent « oulala c’est scandaleux que la droite s’accoquine avec l’extrême-droite ». Si l’UMP veut faire un accord électoral avec le FN (ce auquel je ne crois pas à court terme), OK. Le PS avait bien fait un accord avec le PCF, le RPR avec l’UDF. Par contre, il faut le dire avant, que les électeurs aient le choix de cautionner ou pas cette alliance. Sinon, on est encore dans le mensonge.

Pas étonnant dans ce contexte de dissipation lente du clivage gauche-droite (dissipation qui pousse la gauche et la droite traditionnelle à aller vers les extrêmes pour marquer encore la différence) que Francois Bayrou ait un succès important. Faire travailler ensemble des politiques qui sont dans des camps différents et qui ont plus de similitudes entre eux qu’avec des membres de leur propre parti est souhaité par beaucoup. Combien de gens de gauche disent : « je suis décu par le PS, j’hésite entre Besancenot et Bayrou et j’aime bien Borloo » ? Combien à droite pensent « je vote Sarkozy car c’est mon camp, mais Strauss-Kahn et Kouchner, quel dommage qu’ils ne puissent travailler avec Bayrou ou Barnier » ? Les clivages s’estompent, il n’y a qu’un seul candidat qui le dit.


Le symbole de son état d’esprit, on le trouve dans son livre, « Projet d’espoir » : lors de son arrivée en 1993 à l’Education Nationale, on lui donne des listes de fonctionnaires « de gauche », à virer bien sûr. Il convoque un haut fonctionnaire du ministère, catalogué à gauche, qui, connaissant son sort, lui explique librement les problèmes qu’il voit dans l’enseignement supérieur, sa vision des choses etc. Une heure après, Bayrou lui dit : »je vais vous présenter votre successeur : ce sera vous-même ».

Si tant de gens, décus par la gauche et la droite, se replient soit vers les deux extrêmes, soit vers Bayrou, c’est que la gauche et la droite n’ont jamais eu de langage de vérité en période électorale. C’est ce langage de vérité, pas forcément facile ni à dire ni à entendre, que Francois Bayrou s’est engagé à tenir. C’est en cela qu’il m’a séduit, et c’est en cela qu’il constitue un espoir.

Je vous souhaite un bon week-end.

Michel Rocard

Bonjour à tous,

Je voulais faire l’analyse de la campagne sur le clivage droite-gauche qui, au vu de la campagne, semble de moins en moins visible.

J’ai jointe cette analyse dans le message suivant.

Puis Michel Rocard est arrivé. Alors, moi, le rocardien de puis toujours, j’ai voulu vous faire part de l’analyse que j’ai tirée de sa déclaration dans le Monde de ce samedi.

Michel Rocard appelle à une alliance au premier tour entre Ségolène Royal et François Bayrou, principalement pour faire barrage à Nicolas Sarkozy, qui lorgne de plus en plus sur le réservoir de voix du Front National, essentiellement aussi car certaines valeurs des sociaux-démocrates sont similaires à celles des centristes.

Cet appel est fondamental car Michel Rocard est le premier responsable politique de gauche important à indiquer, ainsi, qu'une partie du PS (sans doute pas la moindre) est prête à s'allier au centre et au centre droit pour gouverner ensemble. Cependant cette alliance ne peut avoir lieu, ni au premier ni au second tour, entre les appareils politiques du PS et de l'UDF et encore moins par le ralliement des uns aux autres, ou vice-versa en fonction des résultats du premier tour. François Bayrou a depuis longtemps indiqué qu’il refuserait « de quitter un strapontin à droite pour un autre à gauche ». La raison principale en est l’état du Parti Socialiste, qui rassemble en son sein un hétéroclite ensemble de trotskystes, communistes, socialistes et sociaux-démocrates, des anti-européens et des pro-européens. Un PS qui est co-responsable de la crise du pays et qui, en l’état, va au devant d’une grave crise interne, si Ségolène Royal perd au 2e tour, pire encore (pour le PS) au 2e tour.

Donc Bayrou refusera toute alliance avec le PS. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’accueillera pas certains sociaux-démocrates autour de son projet. On nous avait dit, à gauche, que réunir centre-gauche et centre-droit autour d’une personnalité centriste n’allait pas être possible, avec un sourire en coin : « personne á gauche ne vous soutient » ! La déclaration de Rocard est en quelque sorte la brèche qui prouve que, lui-même et nombre de ses amis politiques, dont Strauss-Kahn et Kouchner, partisans de l’ouverture, sont prêts à faire cette démarche. Le projet de François Bayrou s’en trouve crédibilisé d’un seul coup.

Les responsables du Parti Socialiste ont refusé en bloc cette alliance, parfois en critiquant ouvertement Mr. Rocard. C’est logique, ils verrouillent. Quoi qu’il en soit, les français ne veulent pas forcément du PS, ils sont sensibles à certaines de ses valeurs, par contre ont un certain problème avec ce parti, qui n’a nullement retenu la leçon de 2002. Le PS préfère perdre seul que gagner en s’associant avec d’autres. Une victoire de Sarkozy permettrait aux socialistes de rester dans l’opposition et d’attendre la prochaine alternance Pas sûr que les électeurs choisissent cette voie, car ce sont eux qui subiront la politique de Nicolas Sarkozy.

Le PS a particulièrement un souci quant à sa candidate. Elle est critiquée, en interne, à l’extérieur. Nombre d’électeurs de Bayrou ont un problème avec cette candidate et ne voteront pas pour elle. Elle fait peur, elle n’est pas souhaitée par une partie des électeurs. Le livre d’Eric Besson, « qui connaît Mme Royal ? » est à ce propos édifiant. De la part d’un des membres de son équipe de campagne, c’est sévère. Nombre de responsables socialistes pensent la même chose. "Michel Rocard dit tout haut ce que Strauss-Kahn et de nombreux dirigeants socialistes pensent tout bas", a estimé l'altermondialiste José Bové.

Bayrou refuse cette alliance avec le Parti Socialiste et sa représentante. Il ne croit qu’en un travail en commun avec plusieurs personnalités de gauche, de droite et du centre. En revanche, l’appel de Rocard crée un appel d’air à tous ceux qui, à gauche, hésitaient, croyant que Bayrou s’allierait avec l’UMP, au son des cris d’orfraie de la gauche « Bayrou c’est la droite ! » (traduction : il est moins méchant que Sarko, mais il mangera aussi vos enfants). Michel Rocard vient de montrer que les sociaux-démocrates rejoindraient les centristes. Michel Rocard vient d’allumer la mèche qui peut faire exploser le PS.

Les centristes ne rallieront pas les socialistes et leurs alliés communistes. La seule solution est donc la création d'un grand rassemblement démocrate qui réunira au lendemain du second tour les sociaux-démocrates de gauche, les écologistes indépendants, les centristes et les démocrates-sociaux de droite autour des mêmes valeurs humanistes et républicaines. Seul ce rassemblement pourra unir le peuple français pour affronter sans dogmatisme, ni idéologie ou sectarisme, les difficultés d'aujourd'hui avec lucidité et courage afin de créer une dynamique de reconstruction ainsi qu'un avenir meilleur pour tous, où chacun pourra trouver sa place avec dignité. Il s'agit là d'une révolution de velours que seul à ce jour François Bayrou peut porter.

Le vote utile a peut-être changé de camp. La gauche ne peut gagner seule. Elle aurait besoin du centre : Hollande et Royal viennent de refuser cet accord. Bayrou accepte, lui, que des sociaux-démocrates le rejoignent. Si les électeurs de gauche veulent éviter Nicolas Sarkozy, il n’y a plus qu’un vote utile.

Il nous appartient, quelques soient ou aient été nos parcours et choix personnels antérieurs, de transformer cet espoir en réalité.

Pour cela je vous invite à voter et à inviter vos proches à voter au premier puis au second tour pour François Bayrou.

Je vous souhaite un agréable week-end,

31 mars 2007

La campagne vue d'Allemagne

Bonjour à tous,

Tout le monde est en campagne, la France est en campagne. Pour tout vous dire, cette campagne est fatigante, elle sombre même dans le ridicule, tant certains des acteurs semblent ravis d’escamoter le débat.

Je tente de passer en revue les événements passés des derniers jours sous le prisme d’un français vivant en Allemagne.

Je traiterai des points suivants :

1) identité nationale et drapeau : comparaison franco-allemande

2) sécurité, insécurité : comment mettre en relief les événements de la Gare du Nord ?

3) lettre ouverte à Mazarine : qui est cette gauche qui va voter pour Bayrou ?

1) Un nouveau thème de campagne est apparu aux couleurs bleu-blanc-rouge. On dirait que la célébration du drapeau et de la Marseillaise semblent être des thèmes essentiels dans la France actuelle. Que l’identité nationale ne doit pas être menacée.

Alors, chers tous, réfléchissons ensemble à ceci : si le gouvernement allemand avait déclaré vouloir créer un ministère de l’immigration et de l’identité nationale, si la chancelière avait exigé que chaque allemand ait un drapeau chez lui, si on avait dit en Allemagne qu’il fallait réunir social et national, comment aurait-on réagi en France et en Europe ? Et oui, ca fait drôle et c’est ce qu’il se passe. En France. Nous avons peur. De nous, avant tout.

Tout cela m’a inspiré la réflexion suivante : j’ai un drapeau français chez moi, je connais la Marseillaise par coeur (les 3 couplets), je me sens français et fier de l’être. D’un autre côté, quand je vois ce qu’il se passe en France ces derniers temps, ma fierté s’écorne un brin, car il n’y a quasiment plus de domaine où la France peut se montrer en exemple (merci Laure Manaudou quand même).

Un ami m’écrivait qu’il commençait à développer les mêmes sentiments vis-à-vis de la France que sa femme vis-à-vis de son pays (la Pologne). Sentiments très négatifs. Renforcé par les événements Gare du Nord.

Les allemands ont, du fait de leur histoire, une relation toute particulière à la Nation. Ce n’est pas ca qu’il ne l’aime pas, ce n’est pas pour ca qu’ils ne s’aiment pas. Nous l’avons vu pendant le Mondial de foot et cette frénésie aux couleurs de ce pays. Frénésie teintée de tolérance et de respect, d’ouverture aux autres, là où nous français préférons nous replier sur notre pré carré. Cette campagne est symptomatique de ce repli identitaire des français. Les politiques classiques de l’UMP et du PS essayent de coller aux sentiments des français en rejoignant Le Pen sur nombre de ses idées plutôt que d’essayer de montrer une vision au pays. D’être visionnaire, c’est avant tout le rôle du politique.

Je suis attristé et néanmoins soulagé ces temps-ci. Attristé de plus en plus par ce sentiment d’amertume face à cette France. Soulagé parce que dès l’année prochaine j’aurais le droit à la double nationalité franco-allemande.


2) Chacun a pu voir ce qu’il s’est passé Gare du Nord. Un individu, présenté très vite par le Ministre de l’Intérieur démissionnaire comme un multirécidiviste sans papiers, justifiant en cela implicitement les violences exercées a posteriori, a fait preuve d’un comportement extrêmement dangereux et condamnable. Outre qu’il ait fraudé le métro, ce qui est répréhensible, il a frappé un agent de la RATP, ce qui est condamnable et mérite sanction. Le fait qu’ensuite il y ait eu émeute avec nombre de citoyens ordinaires, simples passants et cols blancs y prenant part, est un symptôme grave de la situation dans laquelle est la société française : nul ne respecte les forces de l’ordre qui sont vues comme une menace plutôt qu’une protection. Car si la police doit protéger la population, pourquoi nombre des voyageurs présents se sont rangé du côté des émeutiers ?

Ce n’est pas qu’un problème de sécurité, c’est un problème de société. Ce qui s’est passé est inquiétant. Il ne faut dédouaner personne de ses responsabilités.

Or, suite à cet incident, nous avons eu droit aux discours pathétiques des uns et des autres, l’un parlant de tout répressif en accusant une minorité, l’autre d’ordre juste sans que personne ne puisse définir ce mot. La gauche a longtemps ignoré et continue, pour une partie d’entre elle (qui aspire à gouverner), à ignorer les problèmes des banlieues en allant jusqu’à tout excuser (excuser les jeunes de casser, frauder, voler) ; la droite a nié et nie toujours voir dans ces problèmes ceux de la société dans son ensemble, en traitant chaque individu comme une exception, et ainsi en ne jugeant pas nécessaire par exemple d’investir dans ces quartiers sensibles, sauf par une présence répressive accrue. Luc Ferry, sur LCI, dans un mot au cynisme méprisant, a voulu ridiculiser la police de proximité en ce sens : “ce n’est pas en donnant une activité culturelle à ce multirécidiviste qu’on arrangera sa situation”. La police et l’autorité ont perdu beaucoup de leur crédit et ne sont plus respectés, dans les banlieues comme ailleurs. C’est un fait.

Je vous invite à voir cette vidéo qui, si elle est orientée, n’en dépeint pas moins la situation http://www.dailymotion.com/video/x72d4_le-vrai-sarkozy

Cette situation est intenable et dangereuse. Nous devons croire en nos forces de maintien de l’ordre et de la sécurité. Il est grand temps que tout le monde se retrousse les manches et travaille ensemble à la résolution du problème. C’est un problème très lourd, qui implique la cohésion nationale. Nul doute que la guéguerre gauche droite ne résolvera pas la situation facilement et renforcera les extrêmes. Francfort, qui était très criminalisé il y a 10 ans, a gagné en sécurité au bénéfice d’une coalition socialistes-conservateurs-écolos-libéraux qui a travaillé ensemble à la résolution des problèmes, face à une extrême droite à l’époque puissante.

Une mise en commun de toutes les bonnes volontés. C’est exactement le message du candidat Bayrou.

3)A propos de Bayrou, nous observons, en dépit de sondages plutôt défavorables (le Canard Enchaîné a mis à clair les méthodes de ces derniers instituts et le constat est si édifiant que leur crédibilité, si elle n’était pas déjà entachée, risque de s’effondrer), une migration continue de gens déçus par le Parti Socialiste vers François Bayrou. Ces électeurs se font insulter par voie de presse comme n’ayant rien compris, comme les tenants du Non au referendum se faisaient insulter de la même façon avant le 29 mais 2005.

Pour en comprendre la raison, j’ai trouvé ce texte résumé d’un lecteur de www.bayrou.fr, dans le cadre d’une lettre à Mazarine.

Chère Mazarine. Hier dans le Parisien, vous dites ne pas comprendre pourquoi des gens de gauche veulent votre F.Bayrou. "Je ne me l'explique pas" ajoutez-vous.

Chère Mazarine. Avez-vous cherché à comprendre, à entendre, simplement à écouter ? Notre parole a de la force, car elle vient de loin. Notre volonté est tranquille, car elle est répond aux besoins du moment.

Chère Mazarine, nous avons voté pour votre père en 1981. Nous en avions assez qu'une "France de droite" ne respecte pas une "France de gauche" et lui déniait la capacité d'exercer des responsabilités. Nous avons acquis le sens des responsabilités, avec Jacques Delors. Oui, nous avons accepté d'entreprendre des modernisations industrielles parce que nous les savions nécessaires. Cela a commencé à dérailler. Pourquoi maintenir un discours formel de lutte de classe, de rupture avec le capitalisme, alors que, les mains dans le cambouis, nous découvrions les contraintes d'un pays réel.

En 1988, nous avons voté pour votre père, parce que le Chirac ultralibéral de 1986 (un sarko d'aujourd'hui) ne pouvait diriger le pays. Nous avons voté pour votre père qui pourtant nous suggérait le "ni-ni". Il a gagné, haut la main. Il a ensuite réalisé une micro ouverture surtout pour y piéger Rocard; son ennemi. Nous avons mal vécu pendant 7 ans.

En 1995, nous avons suivi de loin une campagne qui nous concernait de moins en moins. En 1997, nous avons voté mécaniquement. Jospin fut élu par surprise. Il a bien agi avec DSK pour relancer l'économie. Mais, avons-nous osé traiter les sujets d'avenir : celui des retraites par exemple. 10 ans après Rocard, nous avons évité ce sujet qui fâche.

En 2002, la gauche a perdu. En 2004, malheureusement elle a gagné haut la main. En 2005, elle a gâché l'Europe. Trop couarde ou trop suffisante pour affronter sa gauche irresponsable.

Et voilà, que par un tour de marketing politique magnifique, la gauche nous offre un nouveau produit, un Royal positionnement. Le discours est vide, seul reste l'amour du pouvoir. Jamais de remise en cause : cette gauche de gouvernement ne s'est jamais interrogée. En 1983, s'ouvrait la parenthèse de la rigueur. Ce fut un acte politique courageux, votre père y a souscrit. Mais jamais, nous n'avons voulu assumer cette évolution de notre pensée. Nous avons changé, sans le reconnaître, sans dire pourquoi, sans expliquer. Que votre père ait voulu, par réalisme, faire des concessions idéologiques au parti communiste, on peut et on doit l'accepter.

Mais 30 ans plus tard ? Pourquoi ne pas assumer un peu de cohérence, entre la pensée, l'analyse du réel et les actes. Entre le dire et le faire. En rejoignant François Bayrou, nous sommes forts et tranquilles car nous sommes fidèles à un moment fort de la gauche, celui de la vérité de Delors, assumé (volontaire ou contraint) par votre père. Il a fallu à l'époque du courage et de la lucidité pour casser l'inflation, fermer les mines après les avoir relancées.

Quelques-uns en ont eu. L'un d'entre eux s'appelait Peyrelevade. Il est au côté de François Bayrou. Vous devriez chercher à comprendre, la fidélité à un moment de vie de votre père n'est pas chez ceux que l'on croit.

Sur ces derniers mots, je vous invite à la réflexion personnelle. Seule celle-ci peut permettre la recherche de solution.

C’est pour cela que j’ai rejoint François Bayrou. Parce qu’il permet à la réflexion de prendre le dessus sur la passion.

Pour ceux qui doutaient que Bayrou ait un projet (c’est pas mal martelé ces temps-ci), on le trouve en première page de www.bayrou.fr :

http://www.bayrou.fr/telechargement/invitations/tract_8pages_bayrou.pdf

Bernard Poignant, maire (PS) de Quimper, a dit : « Sarkozy fait peur car on sait ce qu’il va faire [cf. vidéo ci-dessus], Royal fait peur car on ne sait pas ce qu’elle va faire, Bayrou fait peur car on ne sait pas comment [avec qui] il va faire ». J’avoue que ce dernier risque est bien moindre. S’il est élu, il se trouvera suffisamment de monde pour soutenir sa démarche. Des signes de ralliement à droite, de critiques de moins en moins feutrées de la candidate socialiste à gauche, sont des éléments tangibles de ralliements futurs.

Réunir, rassembler, unir, plutôt que diviser, ostraciser, ruiner, telle est la démarche de Francois Bayrou.

28 mars 2007

pourquoi j'ai quitté l'UMP, par A. D.

Depuis déjà maintenant 5 ans M. Sarkozy est partie prenante des gouvernements UMP. Son ascension s’est forgée sur une communication remarquable que n’importe quel expert ne peut qu’admirer. Les prises de position du candidat seront ici analysées afin de faire ressortir un fil conducteur : une rhétorique fondée sur la stigmatisation de 2 France. Signalons par ailleurs qu'il est le seul candidat sortant d'un gouvernement à ne pas faire état de son bilan ...


A entendre Nicolas Sarkozy, le grand problème de la France tiendrait à ses tabous et bloquages. Force est de constater que grâce au Ministre de l’intérieur des tabous sont tombés comme les débâts sur l’insécurité, l’immigration, l’évolution du "modèle" français. Certes ... mais pour quels résultats ?

La façon d’aborder ces verrous qui handicapent le dynamisme de la France est erronée. Sur tous les grands thèmes de la politique française, Mr Sarkozy oppose systématiquement et invariablement une population à une autre. Son discours ne s'adresse pas aux français mais à l'électorat de droite, en celà il n'est pas un rassembleur, en celà il ne propose pas un projet pour la france.

Les retraites (cf débat sur TF1, J’ai une question à vous poser). A une question d’une retraitée qui demande au candidat UMP s’il augmentera les petites retraites la réponse est frappante. Derrière la volonté d’exprimer ces thèmes avec une pédagogie claire pour les téléspectateurs, Mr Sarkozy nous apprend qu’il existe 2 types de cotisants : les fonctionnaires qui bénéficient d’un régime de retraite spécial (35 ans de cotisations) et les salariés du privé (40 ans de cotisations). Ainsi le citoyen lambda comprendra que si les retraites sont aussi basses c’est que la fonction publique n’a eu de cesse de s’assoir sur ses acquis. On dresse les déshérités contre les nantis du système. Certes il y a une véritable nécessité d emettre fin aux régimes spéciaux mais pas par cette méthode.

Le commerce extérieur. Etonnant de voir le dynamisme du commerce extérieur allemand et britannique. Quelle est la cause du déficit croissant de la balance commerciale française ? Là encore réponse simple : l’euro. Si la France se vend mal à l’étranger c’est la faute de l’euro, l’euro est trop fort et le président Trichet vit dans une époque révolue dans laquelle seule importe l’inflation. Soit, mais comment expliquer les excédents commerciaux allemands, l’Allemagne n’est elle pas, elle aussi, dans la zone euro ? Enfin un euro ne joue t il pas aussi en faveur d’autres branches qui importent ? Ne joue t il pas au final en faveur du consommateur européen qui a accès à des biens produits à l’étranger à moindre coût ? Si tant est que l'euro soit le véritable problème, M. Sarkozy compte t il faire sauter l'indépendance de la BCE ? On oppose là encore la bureaucratie de la Banque centrale européenne aux pauvres PME françaises incapables de se s’exporter. Dénoncer sans résoudre.

Les banlieues. On se souvient encore des images désastreuses de banlieues à feu et à sang diffusées dans les journaux étrangers. Je me souviens personellement alors que j’étais à Londres d’associés de mon entreprise m’interrogeant sur le risque d’une filiale installée en France. La réponse du Ministre de l’Intérieur a été de dénoncer des bandes organisées alors que les images et reportages évoquaient un soulèvement général de jeunes excédés d’être systématiquement stigmatisés. Ainsi le problème des banlieues est le problème de bandes organisées pour M. Sarkozy. Mais pourquoi ces jeunes tombent ils dans la facilité du racket, la violence ? Pourquoi le taux de chômage y est aussi élevé ? Est ce que cette précarité, la désertification des administrations, l’abandon de l’Etat ne sont elles pas le svéritables plaies des banlieues ? Non, dans les banlieues il y a ceux qui retrouvent leur voiture brulée et les jeunes casseurs. Il y a ceux que l'on doit aider et ceux que l'on doit emfermer.

Le chômage. Là encore les clichés tombent, ceux qui se lèvent tôt doivent pouvoir gagner plus en travaillant plus. Ceux qui ne travaillent pas ... mystère, s’ils ne travaillent pas, c’est qu’ils ne cherchent pas, s’ils ne cherchent pas c’est qu’ils vivent des minimas sociaux, ce sont des assistés. Et l'assistanat ça à l'UMP on ne le veut pas.

Sur tous les thèmes qui importent pour les années à venir la rhétorique est dupliquée à l’infini, opposer sans cesse une population à une autre. Il y a donc la France de Sarkozy, une France laborieuse exploitée par une France de gauche, une France vivant sur les acquis : les fonctionnaires, les assistés, les chômeurs ... Dire celà c’est cultiver le simplisme, c’est mentir, déformer les véritables causes des fléaux français. C’est un retour garanti aux blocages de 1995 et comme dirait le Géneral "la réforme oui, la chienlie non". Mr Sarkozy a réalisé une synthèse, la synthèse d’une droite conservatrice galvanisée par le retour des valeurs morales, une droite fermée au dialogue et cloitrée dans son camp, une droite qui dénonce l’électorat de ses opposants pour mieux conforter des certitudes simplifiées. La rupture se poursuivra sans doute dans la division et le blocage et je ne crois pas en cette voie.

Je suis un homme de droite, d’une droite européenne, moderne, ouverte, celle du dialogue. Je crois en la nécessité d’un homme d’ouverture, d’un rassembleur, cet homme existe. Jamais des sondages n’ont donné la victoire d’un candidat aussi nette au deuxième tour, Bayrou est le seul à pouvoir rassembler des électorats de droite et de gauche, la ligne politique de François Bayrou réunit les sociaux démocrates et le parti radical de JL Borloo. Le vote orange contribuera à réunir les vrais réformateurs. Y a t il un quelconque point commun entre Fabius et DSK, y en a t il un entre Borloo et Sarkozy (notons à cet égard que le ralliement tant convoité de Jean Louis Borloo dans les rangs UMP a tardé ...incompatibilité ? ). Ces unions contre nature d'hommes d'appareil liés à des machines électorales doit cesser. On nous promet l'immobilisme mais qu'en est il en Finlande où le centre est la principale force politique ? en Allemagne ? en Italie ? Le gouvernement Jospin n'était il pas fondée sur une "majorité plurielle" ? Caricaturer l'Union Nationale, c’est refuser le consensus c’est se fermer au dialogue, à la réconciliation nationale.

Le vote utile c'est le vote Bayrou !

22 mars 2007

Pourquoi j'ai rallié Bayrou, par Fabien Perrot

Salut Florian,
j'ai bien lu tes analyses et commentaires sur l'élection à venir.
J'apprécie ton engagement en faveur d'une réelle évolution de la politique française et considère le choix de ton candidat comme étant un bon choix.
Voter Bayrou n'a jamais été à l'ordre du jour pour moi. Pourtant, en y regardant de plus prêt je retrouve dans ses convictions, dans son programme, beaucoup de similitudes avec ce que j'attends de la politique en France.
Le candidat se rapprochant le plus de mes convictions est DSK, je l'ai déjà souvent laissé savoir. Pourtant, je n'ai que très peu d'affinités réelles avec le groupe PS d'hier ou d'aujourd'hui.
Finalement, avec du recul, je suis dans un sens satisfait que DSK n'ait pas été désigné candidat du PS. Malgré mon antipathie (politique) à Ségolène Royal.
Pourquoi? Car il m'aurait été difficile de ne pas voter DSK. Pourtant, voter DSK aurait logiquement conduit à voter pour la machinerie PS qui est derrière lui et finalement à voter pour un groupe qui n'arrivera jamais à représenter ni mes convictions ni ce dont la France a besoin.
DSK doit rester dans le paysage politique français car c'est un des seuls vrais grands hommes politiques que nous possédons. Mais il devra se défaire de cette étiquette PS qui lui colle au dos. DSK n'est pas à sa place dans le PS d'aujourd'hui, c'est clair. Et même si, élections obligent, il s'en défend aujourd'hui, le constat est évident.
Le fait que DSK ne soit pas le candidat du PS m'a fait réfléchir à ma position et regarder plus attentivement aux alternatives possibles.
Il y a encore quelques mois, l'idée d'imaginer voter Bayrou me semblait encore saugrenue. J'étais jusqu'ici relativement en contradiction avec son parti politique, l'UDF. Une contradiction pas toujours justifiée je dois l'admettre.
Pourtant, les propositions du candidat Bayrou pour un réel changement politique et une réelle réforme des institutions actuelles ont réussi à me convaincre. A me convaincre à la fois qu'aucun autre candidat ne pourra jamais représenter ce que je cherche. A me convaincre que ce candidat, François, Bayrou, répond justement en grosse partie à mes attentes.
Mon choix de vote est maintenant défini. Ni par fanatisme, ni par rejet. Je voterai Bayrou car j'adhère à son projet de renouveau dont notre vielle machine politique a vraiment besoin. Je vote Bayrou car il est le seul vrai candidat a pouvoir redonner un espoir aux français qui en ont besoin, le seul candidat à pourvoir nous sortir de cette politique française élitiste et attentiste.
C'est la première fois que les jeunes de notre génération ont la possibilité d'enfin pouvoir changer quelque chose en pouvant sortir du schéma PS-UMP de manière constructive, sans avoir à déverser dans des extrémismes destructeurs. Saisissons cette opportunité avant qu'il ne soit trop tard!
Fabien.

17 mars 2007

réponse à un ami sarkozyste sur la méthode et les syndicats

Je ne peux pas te laisser dire ca sur les syndicalistes. Moi, j'ai été syndicaliste étudiant, à l'UNEF-ID, et on a toujours travaillé de concert avec la direction, sans s'opposer systématiquement et en restant ferme dès que nécessaire.

Un syndicat représente ce que j'aime dans le syndicalisme : c'est la CFDT. Mon grand père était conseiller prud'hommal pour la CFDT, j'ai beaucoup d'amis qui y sont, et ils voteront Bayrou.

Chez les étudiants, l'équivalent c'est la Confédération Etudiante (Cé). Elle a la même ligne (faire entrer entreprises dans Université, contrats de partnenariats, liberté des facs, etc. le but étant de permettre aux étudiants de travailler après les études). Et bien, la Cé a fait grève face
au CPE. Pour rappel, la CFDT avait fait le travail avec Juppé pour son plan de réforme des retraites. C'est un syndicat avec qui on peut discuter (CFTC et CGC aussi d'ailleurs).
Alors quand eux s'opposent, c'est qu'il y a un problème. Ce ne sont pas des extrémistes.

L'hypothèse de réformes sarkozystes implique qu'il y aura des émeutes et des révoltes avec un
mouvement social dur. Et ce qui me fait peur, c'est que, voyant la présentation que tu as de ce que veut faire Sarko, et si tous les sarkozystes pensent ca, je trouve ca dangereux pour la démocratie. Sache que si il veut passer en force, je serai un des premiers sur les barricades (et
je ne suis pas un extrémiste loin de là).

Sur le Parlement : écoute le discours de Bayrou à Perpignan ou lis son bouquin sur le Tiers Etat. Le Parlement n'est plus rien, c'est le Gouvernement qui décide tout. Bayrou dénonce deux choses récentes : le Parlement n'a été ni consulté sur les privatisations des autoroutes ni sur
l'ouverture des négociations d'adhésion avec la Turquie. Les parlementaires ne siègent plus là bas, car ils n'ont aucun pouvoir. C'est dramatique. Il n'y a plus de débat au Parlement, alors que c'est là-bas qu'il devrait avoir lieu. Déjà, à partir du moment où 35% des francais sont représentés par 95% des députés, je ne vois pas où on peut aller. On renforce les extrémistes,
alors qu'il est facile de les combattre à la loyale au Parlement.
Petit lien sympa :
http://www.dailymotion.com/video/x151r4_democratie-je-participe

Je sais que le syndicalisme francais est "has been". Mais bon il faut faire avec et la mobilisation syndicale corporatiste est de moins en moins importante ces temps-ci. Ils ne font plus grève pour tout et n'importe quoi. Par contre, ils se lèveront dans le cas que tu évoques.

Pour moi, l'hypothèse de réformes passées en force est non seulement vouée à l'échec, elle est
dangereuse. Au moins Ségo ne me semble pas mettre en péril l'outil démocratique, même si je ne voterai jamais pour elle (si Bayrou n'est pas au 2e tour, je m'engage vers un vote blanc pour l'instant).

Je crois en Francois Bayrou, et ce qui est sur, c'est que s'il est élu, il faudra tous s'y mettre et tout le monde le fera car il n'y aura pas le choix.

En fait, la question que tu te poses et qui est primordiale c'est : qui de Bayrou ou de Sarko a le plus de chances d'avoir la fermeté de faire passer sa méthode ? Si d'après toi cette possibilité est plus forte chez Bayrou que chez Sarko, alors tu le préfères. Mais ce n'est pas le cas aujourd'hui de ton avis et donc tu choisis Sarko. C'est une excellente question.
Je la poserais différemment : qui s'opposerait aux réformes de Ségo ?
Globalement + de 50% des gens. Qui s'opposerait aux réformes de Sarko ? a peu près autant, voire plus (car la méthode de la force est inconvenante). Qui s'opposerait aux réformes de Bayrou ? 20-30%. Car au final, et les francais ne sont pas fous, tout le monde sait qu'il faut réformer. Il y a débat sur le contenu c'est tout mais ce débat peut être surmonté.

Les meilleurs économistes américains (5 Prix Nobel) ont écrit aujourd'hui (mardi) dans les Echos. Ils disent une chose de concert : la France est réformable avec un dirigeant populaire et convainquant. Sego est populaire, pas convainquante. Sarko convainquant, pas populaire. Bayrou ? J'ose y croire...

Je suis peut-être un doux rêveur. Mais je revendique le droit de l'être !

analyse de la liste des candidats

Chers tous,

je remercie ceux qui nombreux m’ont envoyé leurs réflexions et leurs encouragements après mon analyse de la semaine dernière. J’adresse ma sympathie à ceux qui, s’ils partagent mon avis, font un choix électoral différent. Beaucoup ont fait suivre l’analyse, j’y ai vu un encouragement.

J’essayerai autant que possible de fournir une telle analyse de manière hebdomadaire. Elle ne sera jamais neutre, mon engagement est avoué et assumé, je resterai cependant respectueux des opinions et choix de chacun.

Je lis beaucoup depuis 2 mois sur la campagne, j’ai à chaque fois que possible l’occasion de parler avec mes amis allemands de la campagne, pour avoir leur avis externe, très souvent décapant et peu conciliant.

Cette semaine fut riche en événements : retrait de Jacques Chirac, offensive de la gauche, de la droite et de l’extrême-droite contre Francois Bayrou, soupcons de grosses magouilles portés à Nicolas Sarkozy, visite de Bayrou en banlieue (qui m’a marqué profondément), enfin officialisation de tous les candidats et candidates.

Dans mes avis, je parle beaucoup de la forme (manière de faire) et peu du fond (programmes).
Pour la bonne et simple raison qu’un programme ne peut être realise que si la forme est cohérente.

Je pourrais parler de tous ces thèmes, je les aborderai en faisant un tour des candidats :

  • Gérard Schivardi : Parti des travailleurs, candidat des maires. Rien à signaler. Potentiel de voix : 36000, autant qu’il y a de maires.
  • Olivier Besancenot : Ligue Communiste Révulutionnaire. Le facteur n’a pas pris une ride. Son discours et son attitude rafraichissantes sont teintés d’une idéologie dure qui a pour seul but de faire pencher le PS un peu plus à gauche. C’est le vote protestataire “tendance” à gauche. Il sera toujours efficace, tant qu’il n’aura pas de représentant au Parlement de la France.
  • Arlette Laguiller : Lutte Ouvrière. Quelle longévité pour la “camarade” préférée des francais. Outre cette sympathie envers la femme, les francais n’ont rien à tirer d’une candidate, qui, si ses diagnostics des malaises francais sont parfois proches de la réalité, n’a nulle solution cohérente. D’ailleurs, aucun de ses électeurs n’y a jamais cru.
  • Marie-Georges Buffet : Parti Communiste. Passe plus de temps à distiller ses inquiétudes sur la gauche et l’avenir du PC, ainsi qu’à taper sur le social-traitre Francois Bayrou, qu’à faire advancer la réflexion (impossible car teintée d’idéologie). Question que tout le monde se pose : à quoi sert le Parti communiste, qui est sous perfusion socialiste depuis bientôt 10 ans ? Ce ne serait pas si pathétique si le PC n’était pas dans le gouvernement futur de Ségolène Royal. Je ne vois aucun lien commun entre Strauss Kahn et Buffet, mais bon si eux nous disent qu’il y en a, croyons les sur parole.
  • José Bové : on ne présente plus notre militant rural. Que dire ? Le partisan de la résistance civile fait appliquer les lois de la République non par la justice, mais par la force. Si son discours est attrayant, ses actes trahissent un certain irrespect de la démocratie. C’est du populisme de gauche comme il y a du populisme à droite (voir plus loin).
  • Dominique Voynet : Les Verts. Bon a priori les Verts sont unis cette fois-ci. J’ai beaucoup d’affection pour ce parti, étant membre de son homologue en Allemagne. Si ce Parti proposait au lieu de se quereller et arrêtait de teinter son discours d’idéologie gauchiste, peut-être la société francaise serait plus avancée. On ne me fera pas croire qu’il faut être très à gauche pour être écolo. Bonne chance quand meme, on a besoin de l’écologie politique.
  • Frédéric Nihous : Chasse Pêche Nature et Traditions. J’ai aimé le discours courageux de Dominique Voynet chez les chasseurs, c’était bien.
  • Philippe de Villiers : Mouvement Pour la France. J’aime bien ce candidat, car il a un discours clair : chasse aux syndicats, à l’immigré, à l’islamisme, aux socialistes, soutien aux entreprises par un protectionnisme. Il a un bilan correct en Vendée. Je suis profondément choqué par le fond du discours, la forme me plait. C’est pour moi un Sarkozy sans fausse barbe (je reviendrai sur le candidat de l’UMP).
  • Jean-Marie Le Pen : Front National. Toujours le même discours, la même dialectique. Cinquième campagne électorale. C’est un dur de dur. Toujours la meme bave qui sort de sa bouche, mais bon a-t-il le choix ? Le système actuel lui refuse toute representation de son courant dans les instances censées représenter le peuple. Il fera un gros score. Il faut combattre ses idées, non pas en les reprenant, ou dans la rue, mais à l’Assemblée. C’est ainsi que les Autrichiens ont fait reculer de moitié l’extrême-droite. En attendant, il tape sur Francois Bayrou, Le Pen reste le meilleur soutien du bipartisme, leur assurance tous risques. Ni PS ni UMP n’ont intérêt à sa disparition.
  • Ségolène Royal : Parti Socialiste une semaine sur deux, hors du parti l’autre semaine. Son programme s’est limité cette semaine à “Bayrou il est de droite !”. Il faut dire que son Pacte Présidentiel est décrédibilisé car impossible à réaliser : je n’en connais aucune mesure phare si ce n’est une vague impression de logorrhée dépensière. Elle est soutenue à la fois par l’extrême gauche et le centre-gauche de Delors, signe que le PS arrive à bien verrouiller son système politique. Et pourtant son ancien responsable de campagne, M. Besson, deputé PS, tire à boulets rouges sur elle, une élue d’Ile de France PS a déjà quitté Royal pour Bayrou. Le PS ne fera pas l’économie d’une refondation. On ne sait toujours pas avec qui Royal veut gouverner (UDF ou pas ? Camp du oui ou camp du non ? Gauche gauchisante ou sociale-démocrate ?), mais bon, à elle, on ne pose pas la question. L’espoir d’une majorité PS-UDF est vain, la ligne Fabius anti-UDF l’ayant emporté : on ira vers le PC et la LCR en nous faisant croire que Strauss Kahn le fera. L’avantage de Ségolène Royal, c’est qu’elle n’a pas besoin de lever l’ambiguité. Elle peut se permettre d’attendre après son élection. Elle trompera au moins la moitié de ses électeurs. Cela ne changera pas grand chose aux habitudes d’une gauche coutumière du fait.
  • Nicolas Sarkozy : UMP. Le Parti-Etat, qui lamine toute opposition à droite. “Qui n’est pas avec moi est contre moi”. Un discours racoleur, qui devient de plus en plus populiste, et des methodes à la limite de ce qui peut se faire en démocratie. L’UMP ne connait aucune démocratie interne, contrairement au PS, et lamine toute opposition. Lepage (ecologiste), Fillias (libéraux) dénoncent cette hégémonie chez les conservateurs et se sont ralliés à Francois Bayrou, pour sauver le pluralisme. Simone Veil regrette déjà son ralliement, heureusement pour elle sa haine de Bayrou est plus forte. On en est là à droite. Je m’intéresse à la forme (manière de faire) plutôt qu’au fond (programme).

Je vais m’attarder sur Nicolas Sarkozy et relever quelques points qui m’ont choqué cette semaine:

a) Son projet de fichier des sans papiers s’est fait rejeter par le Conseil d’Etat car il n’avait pas consulté la CNIL. Cela témoigne ou d’une profonde incompétence de ses services, ou d’un mépris affiché pour les instances de contrôle des libertés.

b) Il n’a pas réagi au discours de respect des valeurs républicaines tenu par Jacques Chirac. De là à penser que ce sont le cadet de ses soucis, les valeurs républicaines,…

c) Il se sert de l’Etat à son intérêt : les magouilles immobilières à Neuilly montrent une attitude portant à croire que “l’Etat c’est moi”.

d) Il a parlé de “gérer l’Euro” comme “les japonais gerent le yuan” sur TF1. On attendrait d’un futur président qu’il sache que la monnaie japonaise est le yen (le yuan est en Chine). Ajoutons à ca sa sortie sur “chiites et Sunnites sont deux ethnies”, et on est dans ce qu’une amie allemande m’a dit : “on dirait George W. Bush”. Ce qui est navrant, c’est qu’on a descendu Ségolène et ses boulettes dans la presse, et là personne ne bronche. C’est devenu normal de dire des énormités à droite. C’est normal aussi de faire croire aux francais que l’Euro fort est la cause des problèmes francais, alors que les Allemands et Espagnols ont des gros succès avec cette monnaie.

e) L’UMP a menacé une juge d’avoir émis des reserves sur le danger que Sarkozy représentait pour la démocratie (justifiant ainsi les reserves émises)

J’ai beaucoup lu ces derniers temps, et j’arrive à la conclusion que rien n’indique que Sarkozy veuille respecter et le pluralisme (au mieux le bipartisme) et la démocratie avec ses instances de contrôle. Le menace est forte que l’Etat et l’UMP ne fassent plus qu’un, et que la démocratie soit étouffée comme elle l’était sous De Gaulle. Avec TF1 comme nouvelle “Radio-Paris”. Le refus de faire représenter chaque francais à l’Assemblée est significatif. Sous un prétexte d’efficacité démocratique se cache la main-mise d’un parti sur l’ensemble des instances exécutives, démocratiques et de contrôle du pays.

Vous allez me dire : je vais un peu loin. Je pense au contraire que je ne vais pas assez loin. Bayrou disait en 2002 au congrès de l’UMP : “si nous pensons tous la meme chose, c’est que nous ne pensons plus rien”.

Dans ces conditions là, aucune réforme d’ampleur ne peut passer sans provoquer de vives manifestations voire émeutes. Il y a un fort risque au mieux d’immobilisme, au pire d’insurrection.

Sarkozy me fait peur, très peur. Ce n’était pas le cas il y a deux mois, désormais c’est limpide.

  • Francois Bayrou : UDF. Le candidat du “projet d’Espoir” (son livre, meilleure vente de la semaine dernière en librairie) a su réunir sur son projet les candidats des deux petits partis CAP 21 (Corinne Lepage) et Alternative Libérale (Edouard Fillias), pour des raisons non de fond mais surtout de forme, la réforme des institutions pour qu’elles deviennent plus démocratiques semblant désormais un préalable pour beaucoup à la réforme du pays. L’arrivée de Francois Bayrou en banlieue à Saint-Denis a été saluée par des images raffraichissantes. Le candidat de l’Espoir acclamé par une foule en liesse, éberluant la presse étrangère présente (“c’est la première fois qu’un candidat de droite se fait accueillir ainsi en banlieue”) : les reactions de la presse francaise sont dithyrambiques. Pourquoi lui et pas les autres ? Que fait-il de différent ? Entre le Kärcher et la racaille d’un côté, la commisération et l’angélisme d’une politique d’assistanat social de l’autre, il y a une politique d’écoute, de respect mutuel, et de sévérité empreinte de compréhension. Bayrou cristallise le vote anti-Sarko, et rassemble pour lui les nombreux décus de la gauche dans ces ex-banlieues rouges : un vrai programme contre l’exclusion, la réimplantation de l’Etat “là où ca va mal”, la défense de l’école républicaine partout y compris dans les quartiers, tout cela semble plaire. Je pense que c’est plus l’homme qui plait, cette manière de faire qui ne prend pas les gens de haut. Et en même temps ne ferme pas les yeux, reste ferme sur ses valeurs. A un gamin lui disant : “eh M’sieur, vous faites quoi pour les jeunes ?”, il répond “je les envoie à l’école”. L’école, toujours.

Cet événement de campagne aura marqué quelques esprits, le mien en premier. Beaucoup d’entre nous sommes résignés en voyant la banlieue, ses problèmes, ses émeutes, sa jeunesse violente. Nous avons tous fermé les yeux, nous avons laissé monter le lepénisme. L’espoir était parti pour beaucoup que des solutions existent dans les quartiers. L’accueil reservé à Francois Bayrou fut là pour montrer que les Francais pouvaient être réconciliés. L’enthousiasme de ces habitants montre qu’en les respectant, ils accepteront d’avancer dans la République. Bayrou ne suscite pas que l’enthousiasme des “bobos”, enseignants et classes intellectuelles supérieures mais aussi celui d’autres classes sociales diverses.

Nul doute que la vague annoncée par Bayrou prend de l’importance. Le chemin qui est devant lui s’élargit au gré des coups de volant à la fois de la candidate du PS et de celui de l’UMP.

Une voie nouvelle semble s’ouvrir en politique. Et pour paraphraser F. Bayrou dans son “projet d’Espoir”, ca nous changera. Ce chemin est long, très long. On ne vote pas Bayrou sans avoir longtemps réfléchi. Alors que voter PS ou UMP est plus instinctif. C’est l’enjeu de la campagne : à Bayrou de montrer qu’il est le bon candidat. Rocard a déjà dit : “il a la carrure pour être president”.

Alors il y a les sondages : on a vu à longueurs de journaux un sondage marquant Bayrou en recul de 3 points : le CSA avait, la semaine précédente, fait augmenter Bayrou de 7 points. L’institut a donc ajusté. Beaucoup dissent : Bayrou a un électorat volatile. Il a augmenté de 9 points en un mois, c’est logique. Simple arithmétique : en février, les 2 candidats du bipartisme autoproclamé étaient à 32%, avec 60% de vote ferme (source : ipsos) : cela fait 19% ; Bayrou était à 14% avec 34% de votes surs : cela fait 5,5%. En mars, les 2 candidats sont à 36%, avec 70% de sureté dans le vote (source : BVA), soit 19%. Bayrou est lui à 23%, avec 45% de sureté dans le vote, soit 11%. Les 2 candidats n’ont pas avancé d’un poil en 1 mois, Bayrou a pris 5,5%. Il y a une nette dynamique. On le sent en discutant autour de nous. Les francais veulent une Union Nationale, et rejette le système droite-gauche.

Cette dynamique, j’en suis un des moteurs vivant et déterminé.

13 mars 2007

analyse de la campagne électorale

Bonjour à tous,

Même si personne ne me demande mon avis, je le donne quand même. Il n’est surement pas teinté d’objectivité à 100%, je l’exprime cependant avec sérieux et respect.

Que peut-on constater sur les événements des dernières semaines au niveau de la campagne électorale ?

D’abord que les deux favoris des médias et des deux camps qui ont dirigé la France les 25 dernières années sont en grande difficulté et ont toutes les peines à mener leur campagne. Je donnerai quelques explications.
Ensuite que Francois Bayrou connaît une dynamique ininterrompue depuis 2 à 3 mois, et que nul ne sait où elle va s’arrêter.
Que les petits candidats semblent laminés ; Le Pen servant toujours d’épouvantail et rejouant sa comédie des signatures,

N.Sarkozy, S.Royal et F.Bayrou veulent incarner tous 3 une certaine nouveauté en politique. Or, ce contrat moral a été rompu par les deux premiers qui ont chacun ramené dans leurs équipes les « mammouths » (Juppé, Raffarin, etc.) ou les « éléphants » (Fabius, Jospin, etc.), et n’ont nullement montré de rupture ni avec les usages et méthodes des politiques d’antan ni avec des programmes. Sarkozy ne montre aucune continuité dans son programme, pronant un jour un désengagement de l’Etat de l’économie et le lendemain un réengagement dans Airbus. Ségolène donne l’impression que ses convictions politiques ne sont que la somme des desideratas individuels de chaque francais. Si on peut reconnaître à chacun des candidats de grosses qualités, ils ont un défaut majeur : des appareils politique éculés et des amis politiques du passé.

Si la gauche arrive encore à tenir sa maison autour de Royal, surtout en ravivant le souvenir de 2002, et au prix du passage au laminoir de toute l’extrême-gauche et des Verts, la droite UMP semble en gros danger. Les affaires sur le patrimoine de Sarkozy, l’appel à signer pour Le Pen par opportunisme politique avoué ou le rappel improbable de Veil pour « flinguer Bayrou » sont des signes qui montrent qu’un désaveu majeur peut se produire en son encontre. D’autant que la droite classique et modérée, qui peut légitimement avoir peur de Sarkozy, peut désormais se reporter sur un candidat crédible. La gauche tient le choc, cependant nombreuses sont les fissures et nombreux les électeurs qui fuient vers le candidat du centre : Strauss-Kahn est appelé en renfort pour sauver le PS et appelle à la transformation du PS en mouvement social-démocrate et à un gouvernement de centre-gauche, ne craignant pas la contradiction avec les MM. Fabius et Mélenchon, tout en laissant la porte ouverte à un poste sous Bayrou et en le refusant bien que ce dernier ne le lui ait pas demandé. Numéro d’équilibriste difficile s’il en est.

Le PS tient mais est surtout ébranlé de l’intérieur. UMP et PS semblent attachés à lutter pour leur survie. Ce sera aux francais de le décider.

Bayrou, désirant rompre avec une certaine manière de faire de la politique (globalement, faire des promesses qui ne seront pas tenues), voulant rompre avec l’utilisation des médias actuels, changer le système, et ceci depuis de nombreuses années, s’est défait de sa tutelle de l’UMP. L’attaque de Veil, « Bayrou ne représente pas le centre » en est la confirmation : Bayrou ne représente pas le centre du passé, le centre « has been » qui est le béni-oui-oui de la droite. Il prone l’union de tous les gens compétents des deux côtés, bien convaincus que le combat sans fin depuis 1981, avec une alternance à chaque élection, n’a fait gagner personne, sauf le duopôle PS-UMP (ex-RPR), en tous cas pas la France. Il a compris le message du 21 avril 2002 et celui du non en 2005. Les gens ont besoin de politique, ils veulent en parler et ne pas se faire confisquer leur pouvoir de décider par un parti qui, malgré sa possession de l’Elysée, du Sénat, de l’Assemblée, de Matignon, etc. semble être obligé d’utiliser les ordonnances ou le 49-3 pour faire passer en force des mesures. Avec les résultats que l’ont sait (ex : CPE). Bayrou incarne cette nouvelle envie, donne un nouveau souffle démocratique dans la société. S’il gagne, nul doute que la majorité qui serait élue se ferait sans les vieux routiers de la politique, UMP et PS, qui, usant leurs pantalons au Palais Bourbon depuis des décennies, ont plus fait pour se tirer les uns sur les autres que pour résoudre les problèmes de la France ensemble (car tous les gens de droite ne sont pas mauvais, ni ceux de gauche). Beaucoup de sortants seront sortis, l’UMP et plus encore le PS rentreront dans une crise sans doute salvatrice pour eux-mêmes et la société francaise dans son ensemble.

Bayrou dit clairement qu’on ne peut tout attendre des politiques et de l’Etat. Royal et Sarkozy font croire qu’on peut tout faire, alors que le passé a montré le contraire. Le discours de clarté et de vérité, peu de francais en ont peur s’il est dit à l’avance. Car nous vivons tous dans la vérité. Dernièrement, j’entendais Sarkozy dire : « c’est à cause de l’Euro fort que la France a des problèmes de compétitivité internationale ». Comment peut-on mentir à ce point, quand les allemands, avec la même monnaie, sont les premiers exportateurs au monde ? Je crois (opinion personnelle) que beaucoup comprennent que les vieux discours éculés n’ont plus lieu d’être, et que les personnes qui les propagent doivent partir.

Bayrou a un boulevard devant lui : il rallie les mécontents du système qui restent attachés à la démocratie (et voient arriver un vote protestataire non extrémiste) ; il rallie les sociaux-démocrates, qui refusent la ligne de Royal ; il rallie les sociaux-libéraux et libéraux-sociaux, qui ne croient plus que Sarkozy puisse les représenter ; il rallie des gaullistes sociaux, qui refusent l’alliance inconditionnelle avec les USA ; il rallie la droite qui ne veut pas de Ségo et a peur de Sarko ; il rallie la gauche qui ne veut surtout pas de Sarko. Il a conquis tous les terrains : du retour de la République, de l’Europe au service du citoyen, de l’économie sociale de marché, de la raison budgétaire, de la solidarité intra- et intergénerationnelle, du renouveau institutionnel, de l’honnêteté intellectuelle et de la responsabilité du politique. Il vient du terroir, vit comme tout le monde, est attaché à ses origines. Il explique les choses et mobilise réflexion et intelligence de ses auditeurs (c’est mon impression). C’est pour cela qu’il est sympathique aux gens, car il est comme eux. Je ne vois personne lui reprendre ces terrains du débat conquis au fur et à mesure du temps.

Il en a pris avec ses 50 « bédouins » (parlementaires UDF qui ont en 2002 refusé leur (dés)intégration dans l’UMP) plein la figure pendant 5 ans, a subi les pressions de l’UMP, les intimidations, et a tenu sa ligne. Il a voté pour quand c’était bien, contre quand ce ne l’était plus. Il s’est opposé fortement au gouvernement Villepin-Sarko. C’est un homme qui a avancé, progressivement, fidèle en ses convictions, et qui va peut-être récolter les fruits de son abnégation, et, fait bien plus important, les partager avec les francais. La gauche lui reproche d’avoir souvent voté avec l’UMP et de ne pas s’être opposé systématiquement. C’est justement cette opposition systématique à ce que fait l’adversaire que Bayrou combat. Et beaucoup de francais avec.

Que les partis du passé (et du passif) aient peur, c’est somme toute logique. Il y a un changement radical qui s’opère dans la société francaise, qui voit ses œillères qu’on lui a imposé de force s’enlever.

En janvier 1789, Siéyès écrivait dans son livre : « Qu’est-ce que le Tiers-Etat ? Tout. Qu’a-t-il été jusqu’ici ? Rien. A quoi aspire-t-il ? A devenir quelque chose ». Bayrou a repris la phrase dans son livre, paru en novembre 2006, « Au nom du Tiers Etat ». Je ne sais si c’est un signe, mais je ne sais pas ce qui peut empêcher le changement, empêcher les francais d’espérer en eux-mêmes.

Vous me voyez lancé dans cet dynamique, dans ce « Projet d’espoir ».

Je vous souhaite une bonne réflexion et un excellent week-end, une excellente semaine. Je suis ouvert à toute discussion avec chacun.

Salutations,