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7 mars 2009

Energie nucléaire : les allemands toujours contre

Affiche du Ministère de l'environnement en 2004 : "Eteindre et penser autrement"


Alors qu'une vague pro-nucléaire sans précédent tente de s'abattre en Europe, telle une réplique du nuage de Tchernobyl, avec notamment N. Sarkozy comme VRP de luxe de la société Areva, le débat en Allemagne est vif sur la politique énergétique à mener. Selon le secrétaire général de la CDU, Ronald Pofalla, le retour à l’énergie atomique de la Suède constitue "un signal clair que l’énergie nucléaire comme composante d’un large éventail d’énergies est encore nécessaire".
Cependant dans un sondage GfK pour Die welt, les Allemands ont exprimé, une fois de plus, leurs réserves à l’égard du nucléaire. 53% des personnes interrogées (1025 au total) plaident pour un retrait du nucléaire contre 30% pour un rallongement de la durée d’utilisation des centrales allemandes.
A l'heure actuelle, nous en sommes ici toujours à "l'Atomausstieg" décidé en 2000 par le gouvernement constitué des socio-démocrates et des Grünen. Les 19 centrales nucléaires allemandes devront s'arrêter avant 2020.

Ce thème risque d'être un des points forts de la campagne -les élections ont lieu en septembre 2009-, tout portant à croire que la CDU et le FDP, dans leur boulimie énergétique et leur monomanie du "toujours plus" feront machine arrière et relanceront le programme nucléaire. Une hérésie quand on sait que l'essor des énergies renouvelables en Allemagne est notamment dû à cette sortie du nucléaire. Comme souvent, ces deux partis sont restés au XXe siècle et font preuve d'un manque d'imagination rédhibitoire.

Chez les Grünen, le message reste fort : ni atome ni charbon. Cela passe par des réductions de la consommation énergétique de 50%, qui sont loin d'être inateignables. A mon avis, (minoritaire chez les Verts) on n'échappera pas à la prolongation de la durée d'exploitation de certaines centrales. Le charbon doit être abandonné le plus rapidement possible et le nucléaire peut dans cette stratégie jouer un rôle tampon.

Le SPD, lui, a un message ambivalent : faire campagne contre le charbon et le nucléaire pour prendre des voix aux Verts, et faire de la pseudo-realpolitik sans ligne concrète au pouvoir. Reconnaissons-leur d'avoir défendu leur politique de sortie du nucléaire dans leur maintien au pouvoir avec la CDU en 2005.

La bataille de l'opinion publique sur cette question éminemment intime pour chaque allemand ne fait que commencer.

19 janvier 2009

Le déroute du SPD en Hesse lance l'année électorale en Allemagne

Le SPD a perdu un tiers de ces électeurs en un an

La Hesse a voté à nouveau.
Le résultat est conforme aux sondages, voire même il amplifie l'effondrement des deux grands partis, CDU et SPD, qui n'ont plus de "populaire" que le nom.

CDU : 37,2% (+0,4% par rapport à 2008)
SPD : 23,7% (-13%)
FDP : 16,2% (+6,8%)
Grüne : 13,7% (+6,2%)
Linke : 5,4% (+0,3%)
Divers : 3,8% (-0,7%)

Il y a plusieurs leçons à retenir du vote :
La première, c'est que l'échec du SPD lors de la composition d'un gouvernement avec les Verts en octobre a été lourdement sanctionné par les électeurs. Ceux-ci ont reproché à sa responsable, Andrea Ypsilanti, d'avoir finalement voulu faire une coalition avec le Parti de Gauche, après avoir juré que non pendant la campagne électorale, et de n'avoir pas su éviter l'échec de cette coalition.
La deuxième lecon, c'est que vraiment, les électeurs ne veulent pas de Roland Koch. Après avoir perdu 13% des voix par rapport à 2003 l'an dernier, la CDU continue de perdre, en passant sous le million d'électeurs.
La troisième leçon, conjuguée au deux premières, est que la grande coalition à Berlin déplait, et les partis d'opposition du centre en profitent, et non, comme on aurait pu s'y attendre, la Linke.

La progression des libéraux et des verts est énorme et reflète plus une déception des électeurs pour les deux "gros" partis qu'un soutien franc et massif aux "petits".
Il n'empêche que la joie est de leur côté.

La sociale-démocratie entre du mauvais côté dans cette année chargée d'élections : européennes en juin, régionales en Sarre, en Thuringe et en Saxe en août, dans le Brandebourg en septembre, et bien sûr élections fédérales le 27 septembre. Une année lourde, qui verra, notamment lors des scrutins régionaux, le SPD menacé plus par Die Linke (qui y pèse plus de 20%) que par les Verts.
Les Verts et le FDP feront profil bas pendant les échéances régionales, en essayant de surfer sur la vague hessoise et celle des européennes pour sauver leurs groupes parlementaires ou en obtenir un.

En attendant, en tant que Vert, je ne boude pas mon plaisir. Le choix stratégique de refuser de se positionner pour une alliance plutôt qu'une autre mais pour des contenus programmatiques a payé. Celui de proposer Tarek Al-Wazir (dont on reparlera à coup sûr, et pas qu'en Hesse) comme candidat au poste de Premier ministre était bon. 13,7%, 17 parlementaires contre 9 l'an dernier, cela permet un travail d'opposition de qualité.

En attendant, le Premier Ministre de Hesse restera malheureusement Roland Koch, adossé des libéraux du FDP. De plus, le Bundesrat ne peut plus fonctionner sans accord du FDP, qui y dispose d'une minorité de blocage. De fait, la grande coalition s'est élargie hier au FDP.
Probablement sans grande influence sur les élections de septembre.

3 novembre 2008

la fin pitoyable de Mme Ypsilanti en Hesse

Non, vraiment, il n'y a pas d'autre mot que celui-ci : pitoyable.
Alors que les négociations avaient réussi en Hesse, alors que les Verts avaient validé la coalition, le SPD aussi, la Gauche appelé à la soutenir, voilà que 4 rebelles du SPD annoncent qu'ils ne voteront pas la coalition ce mardi. Du coup tout s'effondre, car la marge n'était que de 1 député.
Tout espoir de voir rot-grün au pouvoir en Hesse explose à cause de 4 députés.
Des mois de travail et d'espoirs déchus. Tout ca pour rien.

Quel avenir ?
On s'achemine vers de nouvelles élections.
Espérons que les électeurs sanctionnent ce SPD qui aura fait preuve d'une immaturité à toute épreuve. Ypsilanti n'aura pas su tenir son parti et n'a plus d'autre choix que la démission.
La sociale-démocratie en Hesse vient de creuser sa tombe.

Au profit de Roland Koch, qui restera au pouvoir après de nouvelles élections qu'il gagnera à coup sûr. A celui de la Gauche, bien sûr. Et espérons que les Verts, qui ont montré une grande discipline et maturité, récupèreront les électeurs qui, naifs, s'étaient tournés vers le SPD.

7 octobre 2008

Début des négociations pour un gouvernement minoritaire en Hesse : enfin !

Tarek Al-Wazir, leader des Grünen de Hesse, et Andrea Ypsilanti, probable future Premier Ministre SPD de l'Etat


Une page se tourne en Hesse (Etat du centre-ouest de l'Allemagne, où se situent Francfort, Wiesbaden et Cassel).
Après que la situation électorale a créé des rapports de force alambiqués (cf. mon article sur la situation), il est temps de faire un petit historique des derniers mois.
27 janvier 2008 : élection du Parlement de Hesse. La Linke rentre au Parlement, et ni CDU-FDP ni SPD-Grün ne peuvent obtenir la majorité. Aucune autre coalition n'est possible, tant les fronts se sont durement opposés, principalement autour de la figure controversée du Premier Ministre sortant, Roland Koch.
mars 2008 : alors qu'elle avait promis le contraire, Andrea Ypsilanti, leader du SPD, annonce vouloir être élue avec le soutien de Die Linke (ce qui aurait permis une majorité de 57 voix sur 110). Mme Metzger, élue SPD à Darmstadt, annonce qu'elle votera contre ce que CDU et FDP appelle "Wortbruch" (mot qui devrait être élu gros mot de l'année en Allemagne, signifiant le manquement à la parole donnée). Les négociations de gouvernements avec les Grünen sont suspendues.
avril 2008 - août 2008 : le Parlement siège et les projets de loi passent avec des majorités fluctuantes, basées sur les contenus. Drole de politique, qui voit les Grüne voter tantôt avec CDU-FDP, tantôt avec SPD-Linke, la Linke voter avec CDU-FDP contre les 2 autres, bref on a quasiment vu toutes les situations.
septembre 2008 : reprise des spéculations sur une seconde tentative d'élection de Mme Ypsilanti. Une vote probatoire est essayé dans les groupes parlementaires SPD, Grüne et Linke : 56 voix pour Ypsilanti, 1 abstention seulement (Mme Metzger). Une voix pour faire passer le gouvernement minoritaire (la Linke se contentant d'un soutien sans participation), c'est peu. Surtout que d'après la Constitution de Hesse, Mr. Koch doit d'abord être destitué, puis remplacé. Si personne ne le remplace dans les 10 jours, faute de majorité, de nouvelles élections interviennent. De quoi provoquer des sueurs froides au SPD, qui risquerait la claque, étant logiquement tenu pour responsable de l'échec (en plus d'avoir menti aux électeurs).

Ce week-end, le SPD a accepté le principe des négociations, chose que les Grüne ont déjà fait. Le 6 octobre, elles ont commencé. Objectif fin octobre pour créer un programme de gouvernement et un gouvernement, les faire valider par chacun des deux partis, par la Linke, et solidariser ses élus au nouveau gouvernement. Les négociations risquent d'être âpres, cependant l'espoir a changé de camp. Les jours de Roland Koch sont comptés, et ce n'est pas plus mal.

Si une telle constellation résiste à l'épreuve du temps, c'est une autre question. Mais d'ici là, Koch sera parti sous d'autres cieux, à Berlin, Bruxelles ou ailleurs, et la CDU de Hesse aura trouvé quelqu'un d'autre, rendant le dialogue avec SPD et Grüne possible.
Rien n'est simple ? Rien, en effet.
J'espère que les Grüne tireront leur épingle du jeu et en profitent pour profiler Tarek Al-Wazir, leur leader charismatique, à la place qu'il mérite : numéro 2 du gouvernement et forcément bien placé pour un poste à Berlin en 2009 ou 2013 (échéance prévue de la coalition SPD-Grüne).
A titre personnel, je ne vois pas cet attelage fonctionner plus d'un an.
Le mot de la fin revient à Angela Merkel : "en ces temps difficiles, on a besoin de gouvernements stables et pas de club d'expériences". Hmmm... bien résumé, en effet. Mal sehen !

12 septembre 2008

Le nouvel SPD reprendrait-il vie ?

pour qui voteriez-vous en cas d'élections dimanche prochain ?
qui préféreriez-vous comme Chancelier ?


A la vue du dernier sondage en Allemagne, cela va un peu mieux pour le SPD. Plus déterminant est le score de 36% du nouveau chef du SPD contre 51% pour Merkel dans les souhaits de Chancelier. Beck se traînait à moins de 20%. Si le SPD ne convainc toujours pas comme parti, son candidat Chancelier oui.

D'ailleurs, Schröder s'est fendu d'une interview en annonçant : "Steinmeier a la capacité à devenir Chancelier". C'est un compliment de la part de cet animal politique, qui ne portait pas Beck dans son coeur.

Les bonnes nouvelles se sont multipliées en provenance étonnamment du FDP : les libéraux ont annoncés cette semaine qu'ils prenaient au sérieux le changement de leadership au SPD et se montraient prêts à des discussions. Cela faisait 10 ans que le FDP opposait une fin de non recevoir à tout travail avec le SPD (sauf en Rhénanie-Palatinat, où ils gouvernaient l'Etat avec le SPD de... Kurt Beck !).

Tout bouge, donc : et Steinmeier, en campagne électorale en Bavière pour aider ses camarades bien mal en point, a fait feu de tout bois contre la CSU, mais surtout, après une bière* néanmoins, contre la Linke.

A un an des élections générales, l'année qui vient s'annonce passionnante.

* une bière en Bavière = un litre ; une bière ailleurs en Allemagne = un demi-litre

8 septembre 2008

Putsch à la tête du SPD : Steinmeier sauvera-t-il la sociale-démocratie allemande ?

Franz-Walter Steinmeier


Ca y est : Kurt Beck s'est fait sortir. Il était temps.
Beck, c'est l'homme débonnaire et sympathique, au collier de barbe grisonnant, Premier Ministre du Rhénanie-Palatinat, qui avait repris le SPD en 2006.
Depuis, de sondages en élection, c'est une lente érosion. Aux derniers sondages, moins de 10% de la population souhaitait le voir diriger le SPD pour les élections générales de 2009. Il faut dire que son positionnement, à la tête du parti et hors du gouvernement, tiraillé par une gauche qui, inspirée par Ypsilanti en Hesse, souhaite s'allier avec Die Linke, le nouveau parti à gauche de la gauche, et bombardé par la droite du parti, sous influence de Schröder, Beck l'a payé. A force de ne pas choisir il a creusé sa tombe politique. 20% dans les sondages, c'est misérable pour un parti historiquement au-delà de 30%. Et ceci alors que ni les Grünen (Verts allemands) ni le FDP (libéraux) ne disposent de leaders charismatiques pouvant ramener à eux les électeurs centristes.
Beck a démissionné, car le bureau politique du SPD a choisi Franz-Walter Steinmeier, actuel ministre des affaires étrangères et vice-chancelier, comme candidat en 2009. Cela s'apparente à un putsch fomenté par Peer Steinbrück, ministre des Finances, et Franz Müntefering, l'ancien n°1 du SPD et du gouvernement, qui avait démissionné en 2005 pour s'occuper de sa femme malade, et qui après le décès de cette dernière, revient sur scène en s'emparant de la Présidence du SPD.

L'arrivée de la droite du SPD au pouvoir permettra-t-elle de stopper l'hémorragie ? On peut en douter, une partie de l'électorat pouvant rejoindre la Linke.
Le plus gros défi de Steinmeier sera de créer un projet d'avenir pour l'Allemagne. La sociale-démocratie ne peut plus se contenter de défendre des acquis, elle doit être offensive. Mais offensive sur quoi ? Avec quelles alliances nécessaires ?
Plus que jamais, la situation reste délicate. Au moins, le SPD a réglé son problème de leadership. En force et avec brutalité. Il a encore beaucoup à faire pour redevenir crédible.