27 juin 2007

Soirée-discussion à Eschborn, avec Daniel Cohn-Bendit, sur les résultats de la conférence inter-gouvernementale du juin 2007

A l’invitation d’Anna Lührmann, députée des Grünen de la circonscription du Main-Taunus-Kreis, M. Cohn-Bendit est venu nous parler du nouveau mini-traité sur l’Europe.

Ce traité remplacera la défunte Constitution.

La difficulté des négociations tenait à la procédure utilisée : la CIG n’est qu’un vaste « bazar turc » où, du fait de la nécessité de trouver un compromis à l’unanimité, les tenants du NON peuvent obliger les volontaristes à des compromis bancals.

L’idée de la CIG était d’enlever de la Constitution tout ce qui était dans l’acquis communautaire (anciens traités) pour permettre une ratification parlementaire du nouveau traité par la France, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne.

Le recul principal de cette CIG est celui sur la Charte des Droits Fondamentaux, la Grande-Bretagne ayant choisi qu’elle ne s’applique que dans les pays qui veulent l’appliquer, i.e. pas sur l’île britannique. C’est un retour en arrière important, car cette charte fut signée par ce même Tony Blair il y a 2 ans ! La question que pose Cohn Bendit est claire : si on n’est pas d’accord sur la charte, si nous ne pouvons décider de valeurs communes, à quoi sert l’Europe ?

Certes, le mini-traité est meilleur que celui de Nice, cependant la CIG s’avère, sur les plans politique, symbolique et au niveau de l’ambiance comme catastrophique : ce « bazar turc » montre la fin du système intergouvernemental, car la pensée communautaire disparaît complètement derrière les intérêts nationaux.

Il y a une profonde culture de méfiance en Europe qui remet en question toute possibilité d’union.

Les députés européens des Verts demandent la mise en place d’une Constitution avec une Charte des Droits Fondamentaux, adoptée par referendum global en Europe, et le droit pour chaque Etat de choisir s’il désire sortir de l’Union. On ne peut, dit-il être à la fois dedans et dehors. Les députés européens des Verts voteront OUI au traité proposé, car il va dans le bon sens, même si sa méthode d’élaboration est un échec.

Durant les questions du public, Cohn-Bendit a apprécié globalement le travail de la Président de l’Europe, Mme Merkel, pendant les 6 derniers mois. Cependant elle n’a pu trouver de parade au problème principal du climat de méfiance.

Concernant les relations de Mme Merkel avec M. Sarkozy, Daniel Cohn-Bendit considère qu’ils « dansent le tango », car ils se passent l’un l’autre la responsabilité de différents dossiers sur lesquels ceux-ci ont des difficultés intérieures à intervenir (nucléaire, énergies renouvelables, Turquie, politique étrangère). Le couple franco-allemand s’en retrouve ainsi renforcé : cette amitié reste absolument indispensable pour que l’Europe avance.

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