8 septembre 2008

Putsch à la tête du SPD : Steinmeier sauvera-t-il la sociale-démocratie allemande ?

Franz-Walter Steinmeier


Ca y est : Kurt Beck s'est fait sortir. Il était temps.
Beck, c'est l'homme débonnaire et sympathique, au collier de barbe grisonnant, Premier Ministre du Rhénanie-Palatinat, qui avait repris le SPD en 2006.
Depuis, de sondages en élection, c'est une lente érosion. Aux derniers sondages, moins de 10% de la population souhaitait le voir diriger le SPD pour les élections générales de 2009. Il faut dire que son positionnement, à la tête du parti et hors du gouvernement, tiraillé par une gauche qui, inspirée par Ypsilanti en Hesse, souhaite s'allier avec Die Linke, le nouveau parti à gauche de la gauche, et bombardé par la droite du parti, sous influence de Schröder, Beck l'a payé. A force de ne pas choisir il a creusé sa tombe politique. 20% dans les sondages, c'est misérable pour un parti historiquement au-delà de 30%. Et ceci alors que ni les Grünen (Verts allemands) ni le FDP (libéraux) ne disposent de leaders charismatiques pouvant ramener à eux les électeurs centristes.
Beck a démissionné, car le bureau politique du SPD a choisi Franz-Walter Steinmeier, actuel ministre des affaires étrangères et vice-chancelier, comme candidat en 2009. Cela s'apparente à un putsch fomenté par Peer Steinbrück, ministre des Finances, et Franz Müntefering, l'ancien n°1 du SPD et du gouvernement, qui avait démissionné en 2005 pour s'occuper de sa femme malade, et qui après le décès de cette dernière, revient sur scène en s'emparant de la Présidence du SPD.

L'arrivée de la droite du SPD au pouvoir permettra-t-elle de stopper l'hémorragie ? On peut en douter, une partie de l'électorat pouvant rejoindre la Linke.
Le plus gros défi de Steinmeier sera de créer un projet d'avenir pour l'Allemagne. La sociale-démocratie ne peut plus se contenter de défendre des acquis, elle doit être offensive. Mais offensive sur quoi ? Avec quelles alliances nécessaires ?
Plus que jamais, la situation reste délicate. Au moins, le SPD a réglé son problème de leadership. En force et avec brutalité. Il a encore beaucoup à faire pour redevenir crédible.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je suis admiratif de ce SPD qui finit par choisir les compétences et la ligne de la modération, plutôt que de s'accrocher aux populismes d'extrême gauche qui ont pourtant le vent en poupe.

Choisir un Ministre des Afaires Etrangères, Vice-Chancelier, comme candidat est quelque chose de rare et de louable, car les temps obligent une prise de position plus claire de l'Allemagne au sein du concert des nations européennes et internationales; on ne peut qu'espérer que cela permettra un développement de la PED et de la PESC.

Choisir un ancien vice-chancelier, ministre des affaires sociales (après un passage par le ministère des transports sous Schröder) en président du parti, est d'une grande intelligence pour mener une politique responsable (modérée et pragmatique), à l'écoute des classes les moins aisées.

Bref, rien à voir avec le PS français, que ce soit pour sa dominante sociale-démocrate, la guerre des chefs, ou l'intelligence des alliances.

Merci pour le billet Florian et pour ces grands moments à Cap Esterel ;-)

Anonyme a dit…

Bonjour à tous et merci à Florian de cet article.

C'est la première chose que m'a annoncée mon mari allemand, lorsque je lui ai demandé depuis l'aéroport si les medias français avaient parlé correctement de l'Université de rentrée du MoDem...

Le SPD a tranché dans le vif et ne fait pas comme le PS français plongé dans la guerre des egos, ce qui montre encore une fois que le bien commun prime sur les egos, ce qui est malheureusement le cas en France. Car il était absolument indispensable de mettre fin à cette "guerre des chefs", ce qui a été assez vif et rapide.

Florian écrit que ce serait sous la pression de Peer Steinbrück, l'excellent ministre des Finances, né à Hambourg. Pour moi qui ai vécu dans cette magnifique ville une grande partie de ma vie, j'apprécie le refus de langue de bois de Peer Steinbrück, il ressemble à bien des égards à Helmut Schmidt, lui aussi hambourgeois, lui aussi partisant de l'expression directe et sans fioriture. Il reste dans la mémoire du peuple l'un des meilleurs chanceliers d'Allemagne et les conférences qu'il donne encore à travers le monde - en anglais et en allemand - à 90 ans, sont toujours un grand évènement.

Pour ma part, je préfère la coalition Verts/CDU qu'a osée le Land de Hambourg - encore Hambourg - et qui me semble plus en cohérence avec le MoDem: alliance de la démocratie-chrétienne qui encourage l'entreprise et notamment la PME à structure familiale, et l'écologie défendue par les Verts allemands, bien avant que la France n'en parle... Le FDP allemand est encore beaucoup trop fermé sur lui-même, mais je renvoie à l'excellent pavé dans la mare qu'avait jeté Jorgo Chatzimarkakis :
http://www.stern.de/politik/deutschland/:FDP-Vorstand-Chatzimarkakis-Gr%FCne-FDP,-Euch!/597464.html
une alliance entre les Verts et le FDP...

A suivre donc...