15 avril 2007

Michel Rocard

Bonjour à tous,

Je voulais faire l’analyse de la campagne sur le clivage droite-gauche qui, au vu de la campagne, semble de moins en moins visible.

J’ai jointe cette analyse dans le message suivant.

Puis Michel Rocard est arrivé. Alors, moi, le rocardien de puis toujours, j’ai voulu vous faire part de l’analyse que j’ai tirée de sa déclaration dans le Monde de ce samedi.

Michel Rocard appelle à une alliance au premier tour entre Ségolène Royal et François Bayrou, principalement pour faire barrage à Nicolas Sarkozy, qui lorgne de plus en plus sur le réservoir de voix du Front National, essentiellement aussi car certaines valeurs des sociaux-démocrates sont similaires à celles des centristes.

Cet appel est fondamental car Michel Rocard est le premier responsable politique de gauche important à indiquer, ainsi, qu'une partie du PS (sans doute pas la moindre) est prête à s'allier au centre et au centre droit pour gouverner ensemble. Cependant cette alliance ne peut avoir lieu, ni au premier ni au second tour, entre les appareils politiques du PS et de l'UDF et encore moins par le ralliement des uns aux autres, ou vice-versa en fonction des résultats du premier tour. François Bayrou a depuis longtemps indiqué qu’il refuserait « de quitter un strapontin à droite pour un autre à gauche ». La raison principale en est l’état du Parti Socialiste, qui rassemble en son sein un hétéroclite ensemble de trotskystes, communistes, socialistes et sociaux-démocrates, des anti-européens et des pro-européens. Un PS qui est co-responsable de la crise du pays et qui, en l’état, va au devant d’une grave crise interne, si Ségolène Royal perd au 2e tour, pire encore (pour le PS) au 2e tour.

Donc Bayrou refusera toute alliance avec le PS. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’accueillera pas certains sociaux-démocrates autour de son projet. On nous avait dit, à gauche, que réunir centre-gauche et centre-droit autour d’une personnalité centriste n’allait pas être possible, avec un sourire en coin : « personne á gauche ne vous soutient » ! La déclaration de Rocard est en quelque sorte la brèche qui prouve que, lui-même et nombre de ses amis politiques, dont Strauss-Kahn et Kouchner, partisans de l’ouverture, sont prêts à faire cette démarche. Le projet de François Bayrou s’en trouve crédibilisé d’un seul coup.

Les responsables du Parti Socialiste ont refusé en bloc cette alliance, parfois en critiquant ouvertement Mr. Rocard. C’est logique, ils verrouillent. Quoi qu’il en soit, les français ne veulent pas forcément du PS, ils sont sensibles à certaines de ses valeurs, par contre ont un certain problème avec ce parti, qui n’a nullement retenu la leçon de 2002. Le PS préfère perdre seul que gagner en s’associant avec d’autres. Une victoire de Sarkozy permettrait aux socialistes de rester dans l’opposition et d’attendre la prochaine alternance Pas sûr que les électeurs choisissent cette voie, car ce sont eux qui subiront la politique de Nicolas Sarkozy.

Le PS a particulièrement un souci quant à sa candidate. Elle est critiquée, en interne, à l’extérieur. Nombre d’électeurs de Bayrou ont un problème avec cette candidate et ne voteront pas pour elle. Elle fait peur, elle n’est pas souhaitée par une partie des électeurs. Le livre d’Eric Besson, « qui connaît Mme Royal ? » est à ce propos édifiant. De la part d’un des membres de son équipe de campagne, c’est sévère. Nombre de responsables socialistes pensent la même chose. "Michel Rocard dit tout haut ce que Strauss-Kahn et de nombreux dirigeants socialistes pensent tout bas", a estimé l'altermondialiste José Bové.

Bayrou refuse cette alliance avec le Parti Socialiste et sa représentante. Il ne croit qu’en un travail en commun avec plusieurs personnalités de gauche, de droite et du centre. En revanche, l’appel de Rocard crée un appel d’air à tous ceux qui, à gauche, hésitaient, croyant que Bayrou s’allierait avec l’UMP, au son des cris d’orfraie de la gauche « Bayrou c’est la droite ! » (traduction : il est moins méchant que Sarko, mais il mangera aussi vos enfants). Michel Rocard vient de montrer que les sociaux-démocrates rejoindraient les centristes. Michel Rocard vient d’allumer la mèche qui peut faire exploser le PS.

Les centristes ne rallieront pas les socialistes et leurs alliés communistes. La seule solution est donc la création d'un grand rassemblement démocrate qui réunira au lendemain du second tour les sociaux-démocrates de gauche, les écologistes indépendants, les centristes et les démocrates-sociaux de droite autour des mêmes valeurs humanistes et républicaines. Seul ce rassemblement pourra unir le peuple français pour affronter sans dogmatisme, ni idéologie ou sectarisme, les difficultés d'aujourd'hui avec lucidité et courage afin de créer une dynamique de reconstruction ainsi qu'un avenir meilleur pour tous, où chacun pourra trouver sa place avec dignité. Il s'agit là d'une révolution de velours que seul à ce jour François Bayrou peut porter.

Le vote utile a peut-être changé de camp. La gauche ne peut gagner seule. Elle aurait besoin du centre : Hollande et Royal viennent de refuser cet accord. Bayrou accepte, lui, que des sociaux-démocrates le rejoignent. Si les électeurs de gauche veulent éviter Nicolas Sarkozy, il n’y a plus qu’un vote utile.

Il nous appartient, quelques soient ou aient été nos parcours et choix personnels antérieurs, de transformer cet espoir en réalité.

Pour cela je vous invite à voter et à inviter vos proches à voter au premier puis au second tour pour François Bayrou.

Je vous souhaite un agréable week-end,

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