16 septembre 2008

Equilibre budgétaire en danger en Allemagne

Peer Steinbrück, ministre fédéral de l'économie et des finances



Aujourd'hui 16 septembre débutent les discussions budgétaires en Allemagne, la tension monte.
Peer Steinbrück, le tonitruant ministre SPD des Finances, est la cible de nombreux tirs nourris, tant de l'opposition (Verts et libéraux) que des autres partenaires de la coalition (CSU et CDU) : bien évidemment et comme de coutume, les critiques les plus fortes viennent de l'intérieur du SPD (une élue Verte au Parlement régional de Hesse me confiait hier que le problème du SPD était qu'il se consacrait plus à la lutte interne qu'externe : le PS n'a pas la monopole donc).
Pour résumer : en 2005, le deficit de l'Etat Fédéral était de plus de 30 milliards, il sera cette année de 15 et l'an prochain de 10,5, d'après le budget. Le solde global des finances publiques (incluant collectivités territoriales, Länder et caisses de Sécurité Sociale) est lui excédentaire. Steinbrück vise l'équilibre en 2011.

Cependant, plusieurs dangers planent sur lui. Le premier est sa non prise en compte des effets à venir de la crise financière. Or les experts voient la croissance allemande proche de 0 l'an prochain avec donc de faibles rentrées budgétaires. Steinbrück et le gouvernement se préparent donc à des vaches maigres. D'autant que les augmentations des salaires de la fonction publique, négociées cette année (jusqu'à +8% selon les branches), et des retraites, vont frapper à plein.
Le second danger est plus réel : l'Etat libre de Bavière est en campagne électorale régionale et l'an prochain ce sera au tour de l'Allemagne dans son ensemble. Aussi voit-on fleurir les promesses électorales, de baisses d'impôts (FDP) en déductions fiscales supplémentaires (CDU-CSU), de l'augmentation du RMI, des allocations familiales et du minimum vieillesse (SPD), de soutiens spécifiques à l'école (Verts) on se demande donc comment la promesse d'équilibre est-elle possible.

Il est pourtant important, ce retour à l'équilibre. 1.000 milliars de dettes pour l'Etat Fédéral, 40 milliards d'intérêts à payer par an, cela fait beaucoup pour un budget de 288 milliards. Surtout que l'Agenda 2010 fait supporter l'essentiel de l'effort sur les classes moyennes.
On peut donc regretter que la croissance qui a eu lieu n'ai pas été l'occasion d'investir pour réformer la machine allemande. Il sera temps de faire un bilan des 12 dernières années l'année prochaine. Positif à court terme, n'en concluons pas qu'il le sera à long terme.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

merci pour tes info et analyses de la vie politique allemande. Rien ne vaut les info d'un Insider !
un détail : tu écris
"1.000 milliars de dettes pour l'Etat Fédéral, 40 millions d'intérêts à payer par an, cela fait beaucoup pour un budget de 288 milliards." Il faut lire 40 Milliard j'imagine (4 % d'intéret) et non 40 Millions.

A quand un papier sur les finances des articulations financières des 3 niveaux 15 000 communes, 16 Land et l'Etat fédéral, je pense que cela serait déconcertant pour ceux qui connaissent les jeux de pouvoir financier en France

Au plaisir de te lire encore

Giacomo

Florian Chiron a dit…

Et oui, désolé pour cette erreur, je viens de corriger.
Merci pour la relecture !
Un post sur les enjeux financiers en Allemagne sera utile, mais si long à documenter.
Tout vient à qui sait attendre !!!

Anonyme a dit…

Heureusement que l'Allemagne a Peer Steinbrück comme ministre des Finances!!!

Un Hambourgeois qui dit franchement ce qu'il pense, comme Helmut Schmidt que l'on appelait "Schmidt Schnauze" [http://de.wikipedia.org/wiki/Helmut_Schmidt].

Il donne toujours des conférences internationales avec ses 90 ans. Il vit toujours dans sa petite maison au nord de Hambourg. J'avais le même dentiste que lui, un homme très simple, mais très courageux... Malheureusement son parti, le SPD, l'a lamentablement laissé tomber pour des calculs politicards en 1982...

Cela risquerait d'arriver à Peer Steinbrück pendant les élections - juste par démagogie...

C'est pour cela - entre autres - que j'ai aimé vivre les 27 ans passés à Hambourg. On n'y connaît pas la "langue de bois" les gens se disent en face ce qu'ils pensent.

Je lisais hier dans le ICE entre Suttgart et Mannheim que Helmut Schmidt avait déclaré qu'Oskar Lafontaine était un démagogue et que Hitler avait aussi usé de son charisme démagogique... Bien vu...

En ce qui concerne le budget, Steinbrück a raison de ne pas céder à tous ces politicards qui ne font des promesses que pour être élus et il n'y a que ceux qui les reçoivent qui les engagent...

Lui au moins, ne cède pas à la démagogie électoraliste...