7 février 2009

Tango dangereux entre pouvoir politique et religion en Allemagne

Quand tout allait bien entre A. Merkel et Benoît XVI...

La récente mise en demeure du Vatican par Angela Merkel suite à la réintroduction de l'évêque négationniste Williamson dans l'Eglise catholique montre en quoi l'Allemagne n'a pas tranché dans le débat sur la place de la religion dans la société, ou plutôt a tranché à l'envers.

L'Eglise conserve une place prépondérante dans la vie politique allemande, et l'ingérence de Mme Merkel ainsi que le tollé soulevé en Allemagne par cette affaire montrent la perversité de la situation.

Il est logique que la population et le gouvernement allemands soient choqués : mais leur choc est-il plus dû aux propos scandaleux de Willamson ou au fait que « leur » Eglise est concernée, eux qui proclamaient par l'intermédiaire du quotidien populaire Bild « nous sommes le Pape » lors de l'intronisation de Benoît XVI.

Mais pourquoi ne pas simplement condamner l'évêque en question et laisser l'Eglise catholique vivre sa vie ? Si l'Eglise réintègre des négationnistes, est-ce le problème des politiques ? Un Etat indépendant des religions n'a pas à se soucier de cela. En revanche, et c'est là où la bât blesse, politique et religion en Allemagne sont si imbriquées que l'Etat allemand se paye même le luxe de percevoir auprès des citoyens le denier du culte, que les religions possèdent une grande partie des hôpitaux, des maisons de retraite ou des jardins d'enfants, qu'enfin le parti principal du pays a le mot « chrétien » dans son appellation.

Avant de s'occuper des affaires de l'Eglise, et plutôt que d'essayer de façonner une Eglise telle que les allemands aimeraient qu'elle soit, ils pourraient adopter une réponse laïque, à base d'un slogan : « nous respectons les religions qui sont respectables ». Le négationnisme n'étant pas respectable, abject même, l'Eglise catholique aurait perdu ses galons.

Soutenir l'Eglise a un coût, et l'Etat allemand est en train de le payer. Le Vatican a lui, vu le problème (et notamment les citoyens allemands menaçant de quitter l'Eglise et de ne plus acquitter l'impôt), et a condamné les propos de Williamson.

Cette victoire à la Pyrrhus de Merkel confirme l'Eglise catholique dans son poids politique en Allemagne. Encore une occasion de ratée de rendre la société allemande plus laïque.

Vatican 1 – Allemagne 0

2 commentaires:

Anonyme a dit…

N'oublions pas l'aspect purement politique.

Quel thème fédère la grande coalition en ce moment? Rien. Les élections de septembre sont déjà dans les esprits.

Le seul point commun que la CDU et la SPD pouvaient avoir, c'était de critiquer la décision du Vatican.

Et pour la remarque finale, il est impossible d'adopter la laicité à la francaise en Allemagne... Il suffit de lire le Grundgesetz pour se rendre compte à quel point la religion (en général) est importante pour l'Allemagne. Ou les déclarations du Président de la République Fédérale.

VF

RDO

Benoit Lapierre - Politologue a dit…

Un point de vue intéressant et il faut bien analyse les données pour en tirer les bonnes conclusions. Ici, les formations politique de monsieur lapierre peuvent vous aider à y voir plus claire.

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