2 octobre 2008

Elections régionales en Bavière : après la défaite, les têtes tombent

résultats des élections régionales en voix et sièges de Bavière et changement par rapport à 2003

La Bavière a voté.
Le résultat est épouvantable pour la CSU, le parti ultramajoritaire de cet Etat libre au statut très particulier : -17% en 5 ans ! La CSU avait depuis 50 ans réussi à incarner par elle et en elle les bons résultats de la Bavière, passée d'un des plus pauvres Etats allemands au plus riche, sous sa direction absolue.
Ce bon bilan n'a pas suffit. Parce que d'abord l'année 2008 fut aussi celle de premiers échecs pour la CSU. Parce qu' Edmund Stoiber a mal préparé sa succession et qu'à sa place, Günther Beckstein à la Présidence de l'Etat et Erwin Huber à celle du Parti n'ont pas su s'imposer auprès de l'opinion publique. A cela s'ajoute que le programme politique, en matière fiscale ou familiale, étant non seulement rétrograde et sans imagination, mais avait recu une fin de non recevoir par Angela Merkel... Et quelques bourdes électorales ont achevé le reste (Beckstein disant qu'avec 2 litres de bière on pouvait encore conduire).
Les répercussions de ce vote ne se sont pas fait attendre : Beckstein et Huber ont démissionné. Le personnel politique va changer, probablement au profit de Horst Seehofer, le ministre fédéral de l'agriculture, qui attendait son heure...
Il ne faut pas voir dans ce vote qu'une péripétie électorale. C'est un monument du monde politique allemand qui s'effondre. 1,6 millions de voix et une hégémonie perdus, voilà une plaie béante à colmater à 1 an des élections fédérales. La CSU n'est plus une exception : on peut oser penser à voter autre chose. Il y a 10 ans, lors de mes études en Bavière, les jeunes ne se posaient pas la question pour qui voter : "né en Bavière un jour, électeur CSU toujours". Seulement, la Bavière a connu tant de succès que beaucoup ont immigré d'autres régions allemandes, que les natifs de Bavière ont quitté leurs champs et usines pour aller à l'Université, puis dans la haute technologie, la finance ou l'automobile de précision, et pu changer le disque électoral.

Une page est tournée. Qui en profite ? Pas le SPD, qui lui aussi perd des votes et des sièges, continuant sa chute. Ce sont les petits partis, FDP et Freie Wähler (regroupement d'indépendants qui jusqu'ici faisaient surtout de la politique locale) qui ont atomisé la CSU, la Linke profitant de l'effritement du SPD et les Verts continuant leur progression.

Autant le dire : j'ai passé une bonne soirée dimanche. Ca faisait longtemps que beaucoup d'allemands attendaient ce jour.

Qui pour gouverner ? On s'attend à une alliance CSU-Freie Wähler. Il ne manque que 2 sièges à la CSU pour avoir le pouvoir absolu. Il est aussi possible que 2 "indépendants", cousins lointains d'Hervé Morin, se rallient au parti majoraire, comme Mme Pauli, ex-CSU qui a changé de bord en 2007. Les libéraux, qui veulent une coalition, peuvent finalement se retrouver fort dépourvus. Cela devient une habitude.
Quant à une improbable coalition à 4, SPD-FW-Grün-FDP, elle est rendue quasi impossible par la faiblesse du SPD.

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