12 décembre 2008

La réponse allemande à la crise

1ère partie d'un document en plusieurs parties réalisé par Jean-Philippe Zecevic, intitulé "la réponse allemande face à la crise : encore et toujours l'Agenda 2010" sur l'analyse de la politique économique et sociale allemande depuis 2004. Cette note va se montrer étonnamment en porte-à-faux vis-à-vis de ce qu'on entend habituellement sur le miracle économique allemand.

Le plan de conjoncture qui vient d´être voté au Parlement sur la base du projet déposé le 5 novembre ainsi que les boycotts répétés de l´Allemagne à une réponse européenne coordonnée de la crise économique actuelle sont révélateurs d´une attitude isolationniste de ce pays depuis 2003, date à laquelle fût décidé un programme radical de retournement économique et sociale dit Agenda 2010.

Avec 4,0 et 7,7 Milliards d´Euros pour 2009 et 2010, le paquet fiscal adopté début Décembre par la grande coalition CDU/SPD ne représentera donc que 0,02 % et 0,04 % du PIB allemand. Grosso modo, l´essentiel des mesures revient à stimuler par des baisses modestes des impôts la consommation des ménages soit 0,38 et 1,04 Milliards d´Euro (essentiellement l´exonération de la vignette pour toute nouvelle acquisition de voiture) et l´investissement des entreprises soit respectivement 2,18 et 4,70 Milliards d´Euro (plus particulièrement la réintroduction de l´amortissement dégressif supprimé dans la loi des finances pour 2008).

L´investissement en infrastructures public – en particulier les transports publics- fait un peu office de parent pauvre puisqu´il se voit doté de 1,32 et 1,40 milliards supplémentaires pour les deux prochaines années.

Considérant les moyens mis sur la table, on peut se demander comment un si faible paquet fiscal (rappelons que le premier paquet fiscal U.S. représente 6 % du PIB) peut générer des investissements supplémentaires de l´ordre de 50 Milliards d´Euros comme le prétend le ministre des finances Peer Steinbrück. Le multiplicateur d´investissements serait ici de 4,5 alors que les chiffres retenus par les économistes allemands sont plutôt de l´ordre de 0,5 pour les baisses d´impôt et de 1, 5 pour les investissements publics.

Au-delà du Marketing politique, on a plus que jamais l´impression que la crise actuelle ne concernerait pas vraiment l´Allemagne mais tout au plus ses partenaires commerciaux.

Dès lors, l´Allemagne n´aurait aucune raison de se soucier de cette crise puisqu´elle prétend avoir fait, elle, un bon travail de gestion de ses finances publiques et de son économie depuis 2004, qu´il ne saurait être question de remettre en cause par des déficits supplémentaires.

Comme l´indiquait récemment Michael Glos, ministre de l´économie « nous espérons que les mesures prises par les autres pays aideront nos exportations… »

On ne peut être plus clair et y voir une politique du chacun pour soi qui ne peut nous faire oublier que 64,6 % des exportations allemandes se font avec l´ Europe des 27. Ce serait donc aux partenaires commerciaux privilégiés de l´Allemagne de supporter seuls la charge des plans de relances de l´économie européenne.

Encore une occasion, pour l´Allemagne, de se refaire une santé sur le dos de ses partenaires européens dans la continuité de ce qu´elle fait déjà depuis 2004, c´est à dire au niveau de la compétition de ses produits par les coûts.

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